Portal / Yellow6

Split, album partagé de Portal et Yellow6 est la première sortie du label Make Mine Music, structure gérée par Avrocar, Schengen, Epic 45 et bien sûr Portal et Yellow6. Composé de deux titres de chaque artiste et de quatre écrits et enregistrés par les deux musiciens, ce disque prend tout naturellement place au cœur de la déjà nombreuse discographie de Scott Sinfield et Jon Attwood et s’inscrit dans la suite logique des deux splits 7" sortis par Portal et Yellow6 il y a deux ans sur Awkward Silence et de leurs concerts où chacun vient servir de "backing band" à l’autre.

On commence donc par deux morceaux de Portal. Le premier, Hold, est dans la droite lignée de ce qu’il avait déjà fait auparavant : guitares réverbérées, nappes de synthé, voix évanescente de Rachel Hughes, atmosphère éthérée et captivante. The First Breath of Winter diffère quelque peu en étant porté par un piano qui se substitue, ainsi, à l’habituelle six-cordes. Toutefois, la magie continue d’opérer et on est, comme bien souvent, rapidement transporté par la musique de Portal.
Yellow6, par le biais des deux titres qu’il présente, montre pleinement l’étendue de son talent et la largesse de son spectre musical. Si Threefold démarre calmement par de mélodiques arpèges de guitare, une boîte à rythme apparaît vers le milieu du morceau pour en faire une des pièces les plus "pops" qu’il ait jamais composée, avant que la guitare ne se sature superbement le temps d’un pont souligné par une caisse claire bien réelle. A l’inverse, The Sinking Sun est nettement plus ambient, les guitares se contentent de nappes et quelques notes de piano échouent çà et là.
Basés sur de longues improvisations, les quatre derniers morceaux ont été enregistrés par Scott Sinfield et Jon Attwood lors de séances de studio qu’on imagine aériennes et passionnées. Mélangeant brillamment les univers de chaque musicien, les nappes de synthé de Portal aux plongées cotonneuses de guitares de Yellow6, ces titres reflètent la complémentarité et l’harmonie subséquente des deux anglais. On aurait, cependant, aimé peut être un peu plus de prise de risques et la même hétérogénéité que celle que l’on retrouve dans la première moitié de l’album.

Avec cette première référence de qualité, le label Make Mine Music se place tranquillement sur la liste de ceux qui comptent, d’autant plus qu’on nous annonce, pour 2003, de nouveaux albums, "individuels" cette fois-ci, de Portal et de Yellow6.

François Bousquet
le 18/11/2002