Dorine_Muraille

Mani

(Fat Cat / PIAS)

 date de sortie

21/01/2003

 genre

Electronique

 style

Electronica

 appréciation

 tags

Dorine_Muraille / Electronica / Fat Cat / Gel :

 liens

Fat Cat

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Attendu depuis plus d’un an, voici donc l’album de Dorine_Muraille, le nouveau projet de Julien Locquet, depuis qu’il a "sacrifié" Gel :. Signé sur un label anglais, sortant dans les Splinter Series de FatCat, le français poursuit la voie ouverte par ses productions sous son ancien nom sur les labels Active Suspension, Gooom, Intercontinental ou Artefact.

Même si on retrouve sur ce disque les sonorités et collages propres au jeune normand, on notera l’apport de la voix de Chloé Delaume. La romancière pose son timbre léger sur les mélodies enfantines et ludiques du musicien ; toutefois, Dorine_Muraille fait subir à la voix féminine le même traitement qu’à ses fragiles ritournelles : trituration, démontage et ré-assemblage. Si on connaissait déjà certains des titres de cet album pour les avoir entendu sur scène, on sera surpris de retrouver, par ailleurs, dans la dernière minute de Toi, même, parfois, tu gagnes, la rythmique aisément identifiable de Gellicide, morceau de Gel : présent auparavant sur la compilation Musikexpérience. Autre point de convergence entre les deux projets du français : les titres de ses morceaux. De la pochette de Mani (une citation d’Antonin Artaud "graffitée" dans les toilettes de la Sorbonne) aux titres toujours plus explicites et décalés (Toi, même, parfois, tu gagnes, Les docteurs que j’emmerde, Se flinguer/piquer une Porsche, Ils cherchent pour voir si le mec est à la hauteur, La trentaine qui fait de toi une loque), le ton reste le même : à la fois léger, badin et, en même temps, incroyablement lucide.
Partant beaucoup plus fréquemment qu’avant de samples (dialogues divers, bruits d’eau), piochant dans la tradition (vieille chanson folk anglaise, reprise par C.Delaume de Coquillages et Crustacés de Brigitte Bardot), Julien Locquet donne l’impression de s’imprégner beaucoup plus de ce qui l’entoure que sur -1 (l’album de Gel :), retrouvant, en cela, l’inspiration des premiers singles de son pseudonyme antérieur. On retrouve également, dans le prolongement de ses collaborations avec Noriko Tujiko, quelques influences asiatiques sur le titre Triviana, nuire : sonorités japonisantes et chant de Yuka Nakajima. Assumant complètement le côté pop, voire poppy, de sa musique, Dorine_Muraille brille par sa capacité à inventer des mélodies toutes simples, faites de peu d’éléments et immédiatement accrocheuses. Parallèlement, il est tout aussi capable de verser dans une veine plus nostalgique, comme dans Ils cherchent… où une guitare sèche égrène des arpèges quasi larmoyants caressés par de légers balais de caisse claire. Plus généralement, le dernier tiers de Mani est majoritairement instrumental, nettement plus calme et davantage porté sur la nostalgie. On réalise alors qu’on retrouve sur le disque le même schéma que lors de ses concerts, nouvelle preuve de la cohérence d’un artiste qui a su se renouveler, tout en capitalisant sur ses points forts.

François Bousquet
le 21/01/2003

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