(Planet Mu / La Baleine)
26/04/2004
Electronique
Attention, Objet Musical Non Identifié. Sans être vraiment fan de breakcore, l’auteur de cette chronique apprécie de temps à autre ces rythmiques délirantes. En fait c’est la veine ragga-jungle qui nous gêne un peu, et c’est pourtant dans ce style qu’opère Henry Collins sous le pseudo Shitmat, mais avec un style bien personnel, avec une bonne dose d’humour.
A force de parler de musiques chiantes, on doit un peu passer pour des autistes, ce qui n’est peut-être pas tout à fait faux, mais tout ceci est finalement bien accessoire. En même temps, il est bien rare de trouver des artistes qui font une musique expérimentale, sans concession, et avec humour, cette composante ayant généralement tendance à faire passer la musique en question pour "pas assez sérieuse". Pourtant, sans être fan de la musique de Shitmat, c’est justement l’introduction d’une bonne dose d’humour qui fait que l’on adore ce disque, et qui en fait un objet complètement hors norme.
Sur les dix morceaux de cet album, Shitmat reprend Babylon Bwoy, apparemment un tube reggae, le passe à la vitesse supérieure, ajoute des rythmiques jungle qu’il manipule à sa façon pour leur apporter une teinte techno, electronica ou hardcore. Puisqu’il s’agit finalement de 10 remixes du même morceau, on pourrait craindre la redite, mais il se sort magnifiquement de l’épreuve. Ces changements de tempo et de rythmiques étant presque aussi fréquents que celles-ci sont rapide, l’album passe par différentes phases d’amplitudes variées et s’écoute sans problème d’une traite. Mais surtout, ce sont toutes ces petites références complètement décalées et source d’humour qui surprennent, subjuguent à chaque fois et servent d’accroche. Il ne s’agit souvent qu’une bribe de mélodie déjà entendue à la radio, mais on trouve également de nombreux morceaux facilement identifiables et qui ne sont pas du tout caché, l’auteur cherchant juste à créer des collisions inattendues. Assez logiquement on trouvera le Rivers of Babylon de Boney M, mais c’est avec les tubes pop que cela fonctionne le mieux. Une courte version clairement intitulée Ace of Base Babylon reprend le All That She Wants du groupe suédois, puis Michael Jackson se fait malmener dans un génial medley intitulé Jackson$ Babylon, et pour finir, le grand n’importe quoi de Run Out of Ideas Babylon, alignant Eye of the Tiger (musique du film Rocky) et musique country.
Album indispensable pour les amateurs de breakcore, et conseillé à tous ceux qui apprécient le mélange humour et musique ou les reprises maltraitées façon V/Vm.
le 18/07/2004