du 15/05/2008 au 14/06/2008
Galerie Édouard-Manet,
Gennevilliers
Jeune artiste parisien, Gyan Panchal présente tous les atours de la révélation plasticienne de ce début 2008 : très belle et remarquée exposition personnelle à la galerie frank elbaz en janvier-février, intéressante participation aux Modules du Palais de Tokyo en février et, pour finir en beauté ce semestre, monographie à la Galerie Édouard Manet de l’École municipale des Beaux-Arts de Gennevilliers.
Privilégiant un travail porté sur l’interaction entre matériaux pauvres (au sens que leur donna l’Arte Povera) et éléments minéraux ou végétaux, Panchal crée, dans un geste aussi minimal que saisissant, des rencontres entre ces deux types de sources. Tandis que les seconds bénéficient ainsi d’une légitimité artistique propre, les premiers se voient conférer une noblesse certaine : graciles courbes des feuilles de mousse mauves brûlées, frottement d’un silex sur une feuille de papier noire ou d’une huître sur du papier de verre, pièce de bois posée au sol et semblant être tombée d’un drap de cellulose, granulés de polymère disposés dans une huître à la manière des perles de culture. Ici, il ne s’agit pas de substituer des matières industrielles aux spécimens naturels, puisque la démarche du Français témoigne d’une acculturation à même de laisser le caractère originel de chaque élément. De fait, le caractère industriel des matériaux d’origine n’est ni nié, ni gommé, en laissant, par exemple, les références imprimées sur les plaques de polystyrène.
Convoquant une force évocatrice incontestable, les sculptures et agencements du Parisien oscillent entre formes aux teints pastels (les courbes mauves déjà évoquées, un encadrement de porte fait de trois plaques bleues en polystyrène poncé - sur le modèle du trilithe présenté au Palais de Tokyo -) et symboles d’une désagrégation par le feu ou le temps. À cet égard, on releva, à l’occasion de cette exposition, une légère mélancolie dans le travail de Gyan Panchal, qu’on n’avait pas forcément perçue jusqu’à présent. En effet, plusieurs de ses travaux peuvent s’analyser comme une allégorie du temps qui passe : de la découpe, semblable à l’érosion d’une falaise, d’une masse de polystyrène au coin rongé d’une plaque de laine de verre, le caractère éphémère des composantes de ses œuvres n’est nullement occulté.
le 02/06/2008