Fushitsusha - Incapacitants + K2 - Guilty Connector + Mothra - Defektro

 date du concert

13/07/2002

 salle

20000V,
Tokyo

 tags

20000V / Fushitsusha / Guilty Connector / Incapacitants / Keiji Haino

 liens

Keiji Haino
Incapacitants
Guilty Connector

 dans la même rubrique
06/04/2024
Festival Variations 2024 : Radio Hito
(Chapelle de l’Immaculée)
30/03/2024
Festival Variations 2024 : Noémi Büchi
(Musée d’Arts)

Le 20000v est situé dans le quartier de Koenji, dans une rue commerciale recouverte d’une arcade, et se trouve au deuxième sous-sol d’un immeuble, en dessous d’une autre salle de concert. Deux files se forment dans le petit escalier pour attendre l’ouverture des portes de chaque salle. La salle est encore plus petite que la veille, avec des fresques évoquant des séries télévisées américaines sur les murs.

Guilty Connector commence son concert seul, triture des machines électroniques pour produire une noise à la Merzbow. C’est efficace et péchu, et même si rien n’est très surprenant, on ne boude pas son plaisir. En fait, les surprises vont venir au fur et mesure, car il va y avoir une montée en puissance progressive. Tout d’abord il est rejoint par Mothra, un groupe à la formation plus classique (guitares, batterie) même si un percussioniste tape au marteau sur des plaques de toles et des fûts de métal. Ils finissent par abandonner un à un leurs instruments, seuls restent Guilty Connector et le percussioniste, qui entreprennent de détruire les percussions à coup de masse. Tout ça aura duré moins d’une vingtaine de minutes, dans une surenchère permanente.

Le deuxième groupe est Defektro, un trio qui fabrique ses propres machines, engrenages qui produisent des bruits répétitifs, dans une démarche proche de Pierre Bastien, mais avec des dimensions plus imposantes. Ils font varier leurs rythmes industriels et l’une des membres du groupe, une occidentale parée de longues bottes de cuir, rajoute les plaintes de son theremin sur les cadences des machines. De même que pour le premier groupe, cela dure un peu plus d’un quart d’heure, juste le temps nécessaire pour ne pas lasser.

C’est maintenant le tour des musiciens plus confirmés, puisque le duo Incapacitants arrive sur scène, entourant K2. Chacun se tient derrière une petite table, encombrée d’appareillages électroniques. Une étrange impression se dégage : un des Incapacitants à l’allure d’un salaryman en tenue de week-end, le deuxième, qui arbore un t-shirt de Gong période Camenbert Electrique, à l’air complètement endormi. Dès le premier assaut de bruits, on change d’avis sur les personnages en face de nous... Ils s’énervent, tapent sur leurs potentiomètres, vocifèrent dans des vocoders... Le public commence à s’agiter et à pogoter. L’un des musiciens monte sur la rambarde qui sépare la scène de la salle, se tient tordu en se retenant au plafond et hurle dans un micro, avant de se jeter dans un slam sur le public pour pogoter à son tour. Il est bientôt rejoint par K2, qui abandonne ses machines, et le concert s’achève dans la confusion la plus totale.

Le dernier concert de la soirée est celui de Fushitsusha. Keiji Haino ne tentera pas d’incursion à la batterie comme sur le dernier album Origin’s Hesitation, et le duo débute directement en formation basse et guitare. Que dire sur cette musique ? Ce ne sont que larsens et riffs distordus qui se superposent, et pourtant tout semble cohérent et évident, s’enchaîne comme si une ligne mélodique soutenait l’ensemble. Haino pousse de plus ses plaintes lugubres dans le micro, et va pour certains morceaux utiliser un instrument traditionel à cordes posé sur une table, dont il tire des sons qu’il repasse en boucle. Ces morceaux sont beaucoup plus calmes et apportent une nouvelle dimension à l’univers musical de Fushitsusha.
La soirée se termine : on aura assisté au spectacle noise parfait, des concerts intenses et ramassés, qui tiennent autant de la performance que du concert musical. L’ambiance dans la salle était bon enfant, le public plus feminin que pour un concert de ce type en France, et Mitsuru Tabata (entre autres choses guitariste de Zeni Geva) nous a montré ce qui semblait impensable : on peut danser sur la musique de Keiji Haino !

Bertrand Le Saux, Soizig Le Calvez
le 22/09/2002

À lire également

24/04/2002
Fushitsusha feat. Keiji
(Mains d’Oeuvres)
27/04/2002
Weekend Festival 2002 :
(Tolbooth)
Guilty Connector
Beats, Noise & Life
(Planet Mu)
12/07/2002
Knead - Jojo Hiroshige
(Heaven’s Door)