(Sound of a Handshake / La Baleine)
02/12/2011
Electronique
On ne s’en était peut-être pas suffisamment rendu compte de son vivant, mais Mark Linkous et sa formation Sparklehorse ont eu une reconnaissance bien au-delà du cercle folk-rock indé. En effet, quelques semaines après l’album d’A Winged Victory For The Sullen dont on avait appris que les deux membres s’étaient rencontrés à l’occasion d’une tournée de Sparklehorse, c’est au tour de Bernhard Fleischmann de convoquer le souvenir de l’États-Unien décédé il y a deux ans. En effet, sollicitant un format qu’il a déjà éprouvé, l’Autrichien délivre un double album, témoignage de deux concerts, le premier ayant précisément été donné en mai 2010 en hommage à Linkous.
Encore très empreint de l’émotion suscitée par la disparition de ce dernier, For M permet à Fleischmann de proposer quarante-sept minutes dans une configuration qu’il développe depuis quelques années. Entouré de trois autres musiciens, il ne se limite pas à son electronica mélodique traditionnelle et propose des compositions plus orchestrées : violon de Matthias Frey, guitare, lap-steel et bass de Martin Siewert et basse et violoncelle d’Alexandr Vatagin. Profondément mélancolique, cette longue pièce (divisée en deux mouvements) met aux prises tantôt une guitare très émouvante, tantôt des cordes touchantes, l’ensemble étant naturellement structuré par l’électronique du Viennois et ses rythmiques à la tessiture reconnaissable.
Néanmoins, celui-ci est suffisamment capable de s’effacer par moments pour laisser le violoncelle opérer en quasi-solo ou les guitares aller vers des sonorités plus distordues. Au total, les quatre musiciens livrèrent un très beau set dont on est ravi qu’il se trouve ainsi retranscrit, pas certain qu’il ait connu une traduction studio sinon.
Sur le second CD, c’est un Fleischmann en solitaire qu’on retrouve, avec une captation d’un concert donné en juin 2010. Venant de quitter une pièce plutôt ample, ce disque (avec, à nouveau, un morceau unique mais de trente-sept minutes cette fois-ci) pourra sembler un peu en retrait avec ses composantes électroniques superposées. Et pourtant, il est indéniable que l’Autrichien y dévoile un savoir-faire certain, apte qu’il est à enchevêtrer passages plutôt arides et moments plus riches, veine mélodique et préoccupation rythmique, sonorités traditionnelles et teintes plus métalliques. Pour être honnêtes, relevons toutefois que l’électronique n’est pas la seule intervenante puisque Fleischmann utilise aussi sa guitare, notamment sur les deuxième et troisième mouvements d’un Mikro_Kosmos qui, quoiqu’il en soit, ne s’avère ni honteux, ni déshonorant.
le 01/03/2012