du 20/01/2012 au 25/03/2012
Crédac,
Ivry-sur-Seine
Avec en mémoire la grande réussite de sa rétrospective au Musée d’art moderne de la Ville de Paris il y a cinq ans, on monte sereinement les trois étages de la Manufacture des Œillets conduisant au nouveau lieu du Crédac pour une courte exposition de Mathieu Mercier. Trois salles et une quinzaine d’œuvres nous sont proposées sous l’intitulé un peu nébuleux de Sublimations et dans un geste qui, on en a l’habitude avec le Français, réactive la pratique du ready-made.
Ainsi, dans la grande salle, dix duos sont disposés sur des petits socles blancs : associations d’objets divers (bouteille, aquarium avec poisson rouge, cruche en terre, pile d’assiettes creuses, jumelles) et de représentations graphiques (cercle chromatique, rose des vents, motifs de mesure de la vitesse de rotation), ces combinaisons ont vocation à faire naître une troisième œuvre. Alors que, dans une tradition duchampienne revendiquée, ce devraient être les objets du quotidien qui se trouvent au centre du dispositif de changement de destination et de muséification, ce sont plutôt les autres signes qui le sont. Du champ des mathématiques et autres sciences dures à celui des arts plastiques, ces signes se voient en effet conférer une dimension autre qui devrait permettre la matérialisation de cette troisième œuvre, née de l’addition des deux premières.
Malheureusement, au-delà de l’aspect ingénieusement sympathique de cet assemblage, il s’avère difficile de voir apparaître quelque chose et la multiplication des propositions (dix, donc, dans cette grande pièce) n’y aide en rien. Plus loin, la mise en place de mobilier urbain à partir de matériaux extérieurs (lampadaire à base d’arceaux de basket-ball, banc fait de canalisations de PVC) réussit, pour le coup, le changement de destination mais se révèlent assez faibles au regard de ce que Mathieu Mercier a pu proposer par le passé. Même constat déceptif avec la présence de deux axolotls (sorte de petites salamandres amphibies) dans un double aquarium, à moitié rempli de terre, qui renvoie davantage à un muséum d’histoire naturelle qu’à un centre d’art contemporain.
le 07/03/2012