Paris Cinéma 2012 - Avant-premières

 réalisateur

Joachim Lafosse

Festival Paris Cinéma 2012

 date

du 29/06/2012 au 10/07/2012

 salle

Mk2 Bibliothèque,
Paris

 tags

Festival Paris Cinéma 2012 / Joachim Lafosse / Mk2 Bibliothèque

 liens

Festival Paris Cinéma 2012

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L’avantage d’une offre pléthorique d’avant-premières comme celle de Paris Cinéma (même si, cette année, la manifestation a un peu réduit la voilure, passant de quarante-neuf l’an passé à trente-six), c’est qu’on peut y trouver un peu de tout et notamment des réalisateurs déjà appréciés. Ainsi sélectionna-t-on quatre longs-métrages, de quatre personnalités estimées (en tant que cinéastes ou acteur) : deux français, un belge et un états-unien.

Au début de Dark Horse, le film a tout d’une énième variation de Todd Solondz sur la classe moyenne blanche états-unienne et ses personnages regardés avec une forme de cynisme et de gentille moquerie mêlés. Au fil des réalisations, le réalisateur creuse en effet ce même sillon, faisant éclore un sentiment de répétition qui fut à son acmé avec Life During Wartime dans lequel il alla jusqu’à reprendre les personnages d’Happiness. Cependant, avec Dark Horse, il parvient à prendre quelques chemins de traverse quand sont abordés des rivages plus rêvés ou fantasmatiques, au gré de l’inspiration de son héros, adulescent trentenaire engoncé dans sa chambre au domicile parental, entouré de ses figurines de super-héros. En conséquence, la dimension corrosive n’est pas forcément aussi poussée que d’habitude et, à la place, une sorte de mélancolie un peu triste apparaît.

Au tournant du siècle, Sólveig Anspach était apparue avec le joli Haut les cœurs ! et le documentaire anti-peine de mort Made in the USA ; depuis, elle s’était un peu égaré, notamment dans des réalisations télévisées. C’est donc avec une attente mesurée que s’avance Queen Of Montreuil, histoire d’Agathe, jeune femme accueillant chez elle, à la mort de son mari, deux Islandais bloqués en France. En sus de ces deux « invités », toute une foule de gens passe dans la vie d’Agathe : voisin amoureux, grutier fan de cinéma, tenancier de laverie qui se lance dans internet, maîtresse de son défunt mari et gardien d’un zoo abandonné cherchant à ce que le dernier phoque retrouve sa famille. Ces deux derniers personnages sont les plus réussis, à la différence d’Agathe portraiturée par Florence Loiret-Caille et son unique expression, le menton fuyant et le regard abattu. Pour faire vivre cette petite troupe, la réalisatrice opte pour une forme baroque et décousue avec notamment un montage un peu haché et une narration pas très tenue, débouchant sur un ensemble assez inconsistant.

Suivi sur ces pages dès son premier film (Folie Privée, vu en 2004 à Locarno), Joachim Lafosse a, depuis, alterné longs-métrages plus légers (Ça rend heureux) et réalisations plus graves (Nue Propriété et Élève Libre). C’est à nouveau cette veine qu’il poursuit dans À Perdre la Raison, présenté à Un Certain Regard cette année (et dont beaucoup regrettèrent qu’il ne fût en compétition officielle), qui suit une jeune mère de famille nombreuse sombrant peu à peu dans la dépression. Pas complètement expliquée, cette dégringolade pourrait aussi bien résulter des événements qui la dépassent (naissances rapprochées, tâches ménagères multiples) que du poids de la famille de son mari, et notamment du père adoptif de celui-ci, bienfaiteur envahissant, vampirisant par sa bonté et ses attentions le jeune couple devenu complètement dépendant. Avec ce matériau, on retrouve le goût du cinéaste belge pour les tensions familiales, les liens ambigus et les tréfonds psychologiques. Sa caméra ne quitte quasiment jamais Murielle, magnifiquement interprétée par Émilie Dequenne, la filmant très souvent de l’embrasure des portes, comme une entomologiste auscultant son personnage jusqu’à un final que l’on ne pouvait que malheureusement pressentir.

De plus en plus présent sur les écrans (on se souvient notamment de sa très bonne prestation dans le rôle-titre du Père de mes Enfants) ou sur les planches (on l’avait vu au Rond-Point dans Harper Regan), Louis-Do de Lencquesaing endosse maintenant aussi le rôle de réalisateur puisqu’après deux courts-métrages, il s’avance avec son premier long, Au Galop, présenté à la Semaine de la Critique cannoise. Sur un canevas assez traditionnel de comédie sentimentale (un romancier quasi-quinqua divorcé tombe amoureux d’une jeune femme travaillant chez son éditeur et sur le point de se marier), Lencquesaing opte pour une posture très franco-littéraire, avec toutes les limites qu’on peut alors imaginer. Ainsi retrouve-t-on une voix off à la troisième personne du singulier, celle du romancier lui-même, qui narre l’histoire comme s’il lisait sa propre œuvre ; naît alors l’impression que le récit n’est que prétexte à l’autofiction littéraire en train de s’écrire. Ce sentiment de surécriture du film n’est, de surcroît, nullement dissipé par les bons mots évidemment distillés à des moments-clés du film : première rencontre entre les deux protagonistes, veillée funèbre du père du héros… Dans un tel contexte, les acteurs n’ont qu’à suivre cette partition très précise et, à cette aune, Alice de Lencquesaing (« double fille » : du réalisateur, dans la vie, et du romancier, dans le film) est une nouvelle fois formidable, après L’Heure d’Été, Le Père de mes Enfants ou Harper Regan, dans l’attente de la voir sortir un peu de l’ombre tutélaire de son géniteur.

Dates de sortie :
 À Perdre la Raison : 22 août 2012
 Dark Horse : 29 août 2012
 Au Galop : 17 octobre 2012
 Queen Of Montreuil : 20 mars 2013

François Bousquet
le 15/07/2012

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