du 24/06/2015 au 13/09/2015
Palais de Tokyo,
Paris
Pour sa session d’été, et dans les salles du niveau 2 qui ne sont pas occupées par l’impressionnante installation de Céleste Boursier-Mougenot (cette étendue d’eau sur laquelle on navigue en conduisant sa propre barque, tel un Charon opérant sur le Styx), le Palais de Tokyo a sollicité Patrick Neu. L’Alsacien n’est pas forcément un artiste très identifié et nous ne l’avions, pour l’instant, croisé qu’une seule fois dans une exposition collective ; cette monographie d’une douzaine d’œuvres vient donc à point nommé pour véritablement découvrir ce plasticien, adepte, avec de belles simplicité et épure, de matières peu traditionnelles.
En effet, attaché à la reproduction d’éléments issus de la faune et de la flore, le Français réalise des petites pattes d’oiseau ou de grandes ailes en cire tandis qu’avec des ailes d’abeille, il confectionne une camisole de force, jouant ainsi sur les contraires entre ce que cet instrument est censé contenir et la fragilité des matériaux utilisés pour le fabriquer. Des iris, ayant laissé leurs spectres foncés sur des feuilles blanches, viennent compléter ce panorama et laisser l’imaginaire du spectateur, comme confronté au test de Rorschach, se figurer telle ou telle image.
Dans ce contexte, la présence d’un certain mysticisme ne surprendra guère, entre la couronne d’épines produite en cristal et la représentation du Jardin des Délices de Jérôme Bosch (ce triptyque symbolisant le Paradis et l’Enfer), tracé sur des vitrines en verre à l’aide du noir de fumée. Ce même procédé, impressionnant de précision et de technicité, est activé à plusieurs reprises par Patrick Neu, notamment sur des verres à pied, ou sans pied, puisque sa Colonne de Verres s’avère, en réalité, un amas de récipients auxquels il a ôté les pieds. Ne pouvant plus tenir debout, affublés (pour certains) de noir sur l’intérieur de leur surface, ces verres forment alors un ensemble à la transparente légèreté contrariée.
le 17/08/2015