(Kranky / Differ-ant)
11/11/2016
Electronique
Après quelques (très bons) disques avec plusieurs invités chargés de l’accompagner musicalement, Scott Morgan revient à un étiage moins instrumenté, et renouvelle dans le même temps son compagnonnage, puisque les deux musiciens qui le secondent sur ce Monument Builders font office de nouveaux-venus aux côtés du Canadien. Loscil conserve néanmoins toujours cette coloration particulière, cette sorte d’ambient un peu dub, aux consonances aquatiques et aux fines pulsations.
Parti du film expérimental Koyaanisqatsi de Philip Glass, Morgan en a gardé la sensation d’images ternies et de travail sur les effets et le pitch. Sur Monument Builders, cela se traduit notamment par la présence des synthés de Joshua Stevenson (gravitant au sein de Jackie O Motherfucker ou Kemialliset Ystävät) sur deux morceaux. Contrebalancés par le cor de Nick Anderson, ces claviers apportent une touche un peu différente, tirant Red Tide vers des rivages quasi-psyché atteints grâce aux montées de gamme caractéristiques. Dans ce contexte, la musique de Loscil se fait alors presqu’entraînante, surtout lorsque l’instrument de Stevenson est relayé par des rythmiques sourdes et dub (Anthropocene).
Sur les morceaux où Stevenson est absent, on retrouve les images traditionnelles qui viennent à l’esprit à l’écoute des albums du Canadien : forte place laissée à l’imaginaire de l’auditeur, utilisation du cor pour signifier une sorte de sonnerie de navire ou d’une note répétée pour s’apparenter à un sonar, aspect oscillant des nappes d’arrière-plan, belle densité de l’ensemble. Enfin, quand ses deux comparses l’abandonnent, Scott Morgan rallie à lui Ashley Pitre, chargée des vocalises sur le caudal Weeds, et à laquelle il confie une partition qui l’assimile aux vibrations de ses propres machines, comme si l’humain et l’électronique se faisaient désormais indissociables.
le 16/01/2017