08/04/2017
Lieu Unique,
Nantes
Deux grosses années après notre première venue aux soirées « Pas Normal ! », nous reprenions le chemin du Lieu Unique, mais sans gravir les escaliers montant au Salon de Musique puisque les concerts se tenaient cette fois-ci dans le Grand Atelier. Ou plutôt sur la scène de cette principale salle du lieu nantais, séparée de ses gradins par de larges rideaux, permettant aux artistes et spectateurs de tous prendre place sur le plateau, sur les traditionnels tapis, gros boudins et coussins.
Pour débuter, Tomoko Sauvage se présentait dans sa configuration habituelle, avec ses cinq bols en porcelaine (deux grands, deux moyens et un petit), ses perches sur lesquelles étaient suspendus cinq gobelets en plastique situés pile au-dessus des bols, et sa bassine pour aller piocher de l’eau supplémentaire. L’eau des bols était agitée à la main, un sixième gobelet était utilisé pour vider un bol et en remplir un autre, et un petit ustensile était plongé dans l’eau pour provoquer une vibration. Les goutte-à-goutte mis en place dans les gobelets suspendus délivrèrent, en seconde moitié de set, des notes perlées tandis que la jeune femme jouait sur leurs échos et leurs superpositions, à l’aide de sa table de mixage, pour générer des mélodies tintinnabulantes.
Face à cette prestation assez basique, mais parfaite pour qui n’avait pas encore vu Tomoko Sauvage sur scène, on fut frappé par la qualité d’écoute et d’agencement du lieu (avec ses tapis et rideaux). La trentaine de personnes présente fut parfaitement silencieuse et concentrée pendant la quarantaine de minutes du concert, de sorte qu’on entendait aussi bien les mouvements de l’eau en direct (quand la musicienne en prenait dans son verre) qu’au travers des micros et capteurs.
Le temps de reculer les bols vers le fond du plateau, et de disposer une chaise en bois, et Daniel Bachman prit place au milieu du cercle formé par le public. Muni de deux guitares acoustiques, l’États-Unien alternait, passant d’une configuration folk (instrument en appui sur la jambe droite) à une position dans laquelle sa guitare était couchée sur ses genoux, afin de pouvoir en jouer comme une lap-steel, à l’aide d’un bottleneck. Musicalement, ce choix lui permettait de varier ses longs instrumentaux, allant de l’alt-country (avec un travail sur l’aspect métallique de ses cordes) à une valse plus mélancolique. Comme pour le set précédent, la disposition générale (avec des six-cordes non amplifiées mais simplement repiquées par un unique micro) favorisa l’écoute attentive et la perception des subtilités de jeu du musicien originaire de Virginie.
Pour son dernier titre, il fut rejoint par Tomoko Sauvage, officiant à la shruti box (cet instrument à soufflet, proche de l’harmonium, mais sans clavier) pour instiller un bourdon servant d’impeccable nappe aux improvisations de guitare. À ce titre, et à la différence de ce qu’on redoutait initialement, on fut soulagé de constater que tout au long de sa prestation, Daniel Bachman n’en rajouta pas trop dans la démonstration de virtuosité, en tout cas pas pour sa main gauche, plutôt sage, pendant que la droite, munie d’un onglet au pouce, virevoltait sur ses cordes.
le 12/04/2017