(Hidden Shoal Recordings / Internet)
17/05/2017
Electronique
Expérimental / Glitch / Noise
Expérimental / Glitch / Hidden Shoal Recordings / Markus Mehr / Noise
Fidèle au label Hidden Shoal Recordings, on retrouve l’Allemand Markus Mehr avec ce 7ème album studio publié par la structure australienne. Il y affirme un style sans concessions puisque cette nouvelle production, disponible uniquement en format cassette, est certainement la plus expérimentale qu’il ait pu sortir.
Markus Mehr joue avec les contrastes. Il est capable d’aligner sur un même titre des ambiances poétiques et des textures bruitistes, des atmosphères changeantes et surprenantes, pas faciles à suivre et qui peuvent facilement rebuter. L’auditeur est tout de suite mis dans le bain sur Dyschronia 1 avec son quasi silence en guise d’ouverture, ses envolées de cordes probablement samplées d’un disque de musique classique, puis sa basse nasillarde qui finit par tout emporter avec son lot de cassures, déchirures, improvisations métalliques et chuintements divers. Tellement déconcertant que s’il s’agissait d’un live on pourrait penser que l’ordinateur de l’artiste est en train de bugger. Pourtant ici tout est normal puisqu’un peu plus tard ce sont des chœurs religieux qui font leur apparition, accompagnés de cordes éraillées...
Si vous avez passé le cap du premier titre, alors vous pouvez continuer et apprécier ces subtiles incursions mélodiques dans des amas de textures et glitchs noisy. Boucles d’orgues virevoltants et chant d’opéra croisent ainsi grésillements et claquements rythmiques de machines sur le très abstrait Dyschronia 2, une ambient piratée par des samples vocaux et cliquetis perdus sur Dyschronia 3, ou encore des pulsations rythmiques et drones nasillards sur Dyschronia 5. C’est peut-être bien sur Dyschronia 6 que les contrastes sont les plus violents, avec ces samples de chœurs religieux déchirés par des textures crépitantes et granuleuses, tandis que le dernier titre fait une synthèse des éléments croisés jusque là.
Et si nous avons fait l’impasse sur Dyschronia 4, c’est qu’il se distingue de part sa réussite que l’on attribue à un équilibre mieux maîtrisé entre le bruit et une mélodie qui parvient par moment à s’imposer. Les éléments se frôlent, flirtent, prennent le dessus chacun leur tour, les textures grésillantes se font menaçantes alors que les mélodies de guitare, bien que cabossées, offrent de superbes moments de répit.
Dyschronia est donc un album difficile auquel on aura un peu de mal à accrocher, surtout lorsqu’on le met au regard des précédents albums de l’Allemand. Les amateurs de productions plus expérimentales, abstraites, aux tendances bruitistes devraient quant à eux y trouver leur compte !
le 23/08/2019