Agnès Desarthe
Élise Vigier
du 10/11/2022 au 11/12/2022
Théâtre de la Tempête,
Paris
Devenue une figure largement reconnue (un roman graphique a, par exemple, été consacré à sa biographie, il y a deux ans, ouvrage primé au Festival d’Angoulême), Anaïs Nin marque aussi bien par ses écrits (ses journaux intimes, notamment) que par sa personnalité. C’est pour célébrer cette personnalité qu’Agnès Desarthe a été sollicitée par Élise Vigier, afin d’écrire une pièce qui ne serait pas un déroulé de son parcours, mais une évocation en biais, par le truchement d’une troupe de théâtre qui s’apprête à interpréter ses nouvelles fantastiques. Aux côtés des extraits de la pièce en train d’être répétée, on assiste ainsi à des échanges entre les comédiens et à l’apparition d’Anaïs Nin elle-même.
La pièce mélange ainsi cette multitude de registres textuels : l’autrice échangeant avec les comédiens ou techniciens (tous appelés par leurs véritables noms et prénoms), la troupe de théâtre conversant entre elle, des extraits tirés de la bibliographie de l’Étatsunienne, des répétitions dans les coulisses de la pièce à venir, etc... Le spectateur peut ainsi se trouver un peu perdu (d’autant plus que les rôles s’échangent parfois), tant et si bien que, lorsque, le soir où on était au Théâtre de la Tempête, l’une des comédiennes vient à l’avant-scène annoncer qu’à la suite d’un problème technique, les vidéos diffusées n’ont pas de son, on se demande si cela ne fait pas partie du texte d’Agnès Desarthe (en fait, non). Dans ce même souci de méta-théâtre, des changements de décors et de costumes à vue sont proposés, comme des immixtions du rôle dans le quotidien de l’acteur, éternels ressorts de ce registre dramatique.
Au milieu de cela, on put se raccrocher à quelques superbes chorégraphies en intermède : ce jeu de bras d’une bonne partie de la troupe alignée en file indienne, ou ce pas de deux entre deux femmes en costume noir jouant subtilement avec un miroir au milieu duquel elles se trouvent. Au-delà, le spectacle s’avère trop décousu et pas suffisamment tenu, et on en vient à se demander où se trouve Anaïs Nin dans ce projet, sinon dans quelques passages dits ou chantés, à l’image de cette très belle séquence vers la fin dans laquelle Ludmilla Dabo se trouve aux côtés de Marc Sens (présent pendant une bonne partie du spectacle, avec sa guitare). Mais, au total, la pièce ne propose ni une traversée biographique d’Anaïs Nin (ce n’était pas le but, de toute façon), ni une vraie réflexion sur le théâtre ou la condition des comédiens, bien que quelques essais de digression autour de l’acteur, son âge ou son physique affleurent par moments.
Autres dates :
– 7 et 8 mars 2023 : Passerelle - Saint-Brieuc
le 05/12/2022