AGF

On découvrait le projet solo de la chanteuse de Laub lors d’une soirée dédiée au label Orthlorng Musork. Ce fut un coup de foudre, une révélation que l’on a eu du mal à retrouver sur le disque avec une suite de petites pièces expérimentales qui semblaient plus unies lors du concert.
Avec ce deuxième album, Antye Greie aborde un format un peu plus "pop" avec des morceaux de 3-4 minutes où les voix paraissent plus naturelles.

On est tout de suite invité dans l’univers de l’artiste qui, de sa douce voix prend l’auditeur à parti, et nous propose de commencer, de nous faire nos propres films, aux gré de ses suggestions vocales.
La musique d’AGF est doucement fracturée. Les cassures laissent place aux silences, la voix vient de temps en temps comme une balise guidant l’auditeur au milieu de sonorités étranges et plus familières, de bribes mélodiques, de rythmiques éclatées. En regardant la construction d’un morceau comme ambientTRUST, on se demande comment on peut trouver celui-ci accrocheur. C’est justement là que réside toute la force de cette musique, dans une espèce de magie qui semble émaner de la poésie inhérente à chacun de ces morceaux.

Si les sonorités et constructions sont toujours étranges, le nombre d’éléments plus familier est ici plus important que sur Head Slash Bauch, son premier album. On a la surprise d’entendre l’allemande chanter sur PRIVATEbirds même si le laptop revient parfois pour hacher une syllabe ou en déformer une autre. On devine assez régulièrement quelques influences hip-hop dans le phrasé (POEMProducer) ou dans les rythmiques parfois plus dures et marquées comme sur Chorizon dont les samples de saxo apporte une légère touche jazzy.
Il serait presque difficile de cerner l’auteur de ce disque tellement les influences sont diverses. Pourtant de ces influences elle crée un style vraiment personnel, doux et sensuel, n’hésitant pas à mêler sonorités dures et quelques notes aériennes en fin de leavingWITHhope ou une petite mélodie de guitare sur PipeDREAMvoices. youSTOP se démarque même de l’album comme une sorte de pièce ambient-pop où les fractures sont mises de côté.

Le recueil de poèmes sonores se referme par letsGO !, comme pour mieux redémarrer, un peu comme il a commencé, en s’adressant à l’auditeur. Si au niveau du titre, Westernization Completed signifie que cette allemande de l’Est à fini son intégration du monde de l’Ouest, cet achèvement passe aussi par le choix de l’anglais comme moyen de communication sur l’intégralité de ce disque, un point que l’on regrettera un peu.
Un disque intéressant, indispensable pour découvrir l’artiste, mais qui reste en deçà d’une prestation live qui restera mémorable.

Fabrice ALLARD
le 13/01/2004