(Progressive Form / Mochi Mochi)
00/12/2003
Electronique
Encore une nouvelle signature chez Progressive Form avec cette première sortie de Ryoichi Kurokawa. Première sortie sur ce label, mais aussi tout premier travail sonore publié pour cet artiste qui travaille avant tout le visuel : nombreuses présentations de vidéos dans divers festival, graphisme du dernier album d’Aoki Takamasa. C’est donc en toute logique que la sortie de cet album est couplée avec une version DVD, comme souvent chez Progressive Form.
Pour un début, voilà qui est prometteur. Le titre de l’album est très clair : le japonais cherche à copier, reproduire des éléments naturels évoquant la nature au sens large. Cette reproduction se passe en grande partie par la modélisation de sons, comme d’autres créent des images de synthèse, d’imitations de sonorités réelles, mais aussi par l’agencement de ses bruits entre eux. La réussite est peut-être plus aisée que pour des images, puisque la musique, discipline parfaitement abstraite, se prête plus facilement à l’évocation qu’a la reproduction parfaite.
Ainsi, avec Cipher, on s’imagine sans peine au bord d’une rivière, de petits cliquetis aigus semblant rappelant l’écoulement de l’eau le long des cailloux tandis que quelques souffles légers mais grave évoque une brise prise au piège par un micro. La composition ultra fine est séduisante, et donne un aspect fragile à cette musique. Plus loin, Errorbook va encore plus loin puisque mis à part quelques claquement et basses brèves, ça fourmille et petits grésillements, glougloutements pour un mélange musicalement très expérimental mais qui vu comme un chant d’insecte s’écoute avec un réel plaisir.
Quand à ce genre d’ambiance, de composition ultra pointilliste, viennent se joindre des éléments plus classiquement musicaux (rythmique, mélodie), Kurokawa touche au sublime. Ainsi, au fil de Opside, morceau particulièrement aride avec rythmique cliquetante, sifflements suraigus, et concassage, une superbe et douce mélodie se fraye un chemin. Continue, ondulant sans cesse, imprévisible, originale et planante. En comparaison, A Few Walk sort le grand jeu avec ses longs gongs électroniques, mystérieux, répétitifs mais mélodique, nous font penser à une étendue désertique, inquiétante, et les éléments rythmiques concassés évoque le sable, rugueux comme du papier de verre.
Un peu à part, plus urbain, Everything You Can See Through A Little Hole se doit d’être cité tellement cette composition rythmique mêle avec réussite sonorités micro-électroniques et bref samples robotiques (bruit de machine, clavier, etc...), un peu comme si Ryoji Ikeda ajoutait des sons concrets à sa musique.
Amoureux de la nature et des laptops, cet album vous est dédié. Et si cet été vous êtes coincés dans la jungle urbaine, Copynature vous plongera peut-être dans une ambiance plus bucolique.
le 24/02/2004