(Brume Records)
01/12/2003
Electronique
Après avoir travaillé au sein de quelques groupes entre 1996 et 2001 lui permettant d’évoluer régulièrement, Yann Souetre, architecte de formation, crée le projet solo Remain Silent et ce premier concept album. Le concept a peut-être été travaillé sérieusement, mais on le trouvera pour notre par un peu prétentieux. Pour résumer, l’album qui dure environ 1h10 est un triptyque illustrant trois phases : Tension, Introversion, et Destruction, celles-ci s’articulant autour d’une grande phrase-slogan : "La tension est partout et en toute chose, forçant l’homme à l’introversion. Mais au final, la destruction est la seule façon de trouver le répit".
Avec cette petite présentation, et sachant que cet album sort chez Brume Records, on a déjà une petite idée de ce qui nous attend. Mais en fait la réalité est un peu plus complexe.
Pas de grosses surprise avec Tension : électro-indus bien fichue avec rythmique efficace, profonde, bien prenante, et des breaks de nappes inquiétantes. Comme pour chaque partie, les 20 minutes passent par plusieurs mouvements, plusieurs ambiances. Celle-ci est logiquement très tendue, et mis à part quelques transitions ambient ou une mélodie de clavier sur des nappes sombres et tournoyantes, les rythmiques sont à l’honneur, linéaires, entêtantes, et encore plus dures quand le tempo se fait plus calme.
Bien que techniquement de très bonne facture, cette première partie se révèle assez classique dans le genre, et la suite s’avère plus intéressante. On est d’abord un peu surpris par le début de Introversion puisque les rythmiques sont encore très présentes, saturées, mais un peu plus posées. Elles font leur apparition à plusieurs reprises, succédant à quelques séquences plus aériennes avec nappes et arpèges. Et puis on vire vers une musique dark-ambient rappelant des musiques de films d’angoisse, de la musique concrète tellement les sons évoquent des éléments précis, avec les passages obligés : choeurs éthérés, cloches qui résonnent et autres sombres nappes.
Quant à la dernière partie, Destruction, il lui a été réservé un traitement bien particulier. Le tiers du morceau est une avalanche de rythmes linéaires, de martèlements qui écrasent tout sur leur passage. Quand elle s’arrête, tout semble mort, il ne reste qu’une nappe cristalline avant le deuxième assaut là aussi parfaitement maîtrisé et imagé : une rythmique plus complexe, une sorte de basse saturée, des glissandos de synthés qui imitent le sifflement des bombes, une batterie qui rappelle des coups de feu, des explosions, des mitrailleuses au loin, et des nappes de synthé qui font penser au ronronnement d’avions. Quand tout est fini il reste un souffle et le cri des oiseaux, une mélodie de piano qui amène la lente montée d’une texture saturée, des roulements de tambour jusqu’à l’explosion finale.
C’est clair, on a beaucoup aimé, l’album se tient, on ne s’ennuie pas, même si le premier tiers de Destruction est peut-être un peu longuet. Mais surtout l’album est varié, riche et maîtrisé. En sortant de là on a un peu l’impression de sortir du cinéma, d’avoir vu une grande fresque épique. Mais on peut aussi la trouve un peu trop "grande". Grandiloquente ?
le 10/03/2004