Magwheels | Stone Glass Steel

Magwheels est le projet solo de David Sullivan, américain se produisant également au sein du groupe de gros rock Party Time. Il s’agit là de son deuxième album après Evebuildingbomb paru il y a un peu plus d’un an, déjà chez le label allemand Ad Noiseam. Il est aujourd’hui rejoint par Phil Easter alias Stone Glass Steel qui propose deux titres construits a partir de sonorités puisées dans la discographie de Magwheels. On ne connaît pas ce Phil Easter qui aurait pourtant sorti un album remarqué dont le titre lui collerait à la peau : Industrial Icon.

Oui c’est vrai, Ad Noiseam a une certaine image un peu indus, mais produit une musique qui n’en laisse paraître que des influences. Ici rien à voir avec le rock de Party Time, puisqu’en solo David Sullivan produit une musique particulièrement fine à base de mélodies de guitares feutrées, de nappes et de drones pour un mélange ambient, plutôt sombre. Il y a un côté contemplatif comme dans le post-rock lancinant de Labradford, mais les guitares sont traitées et créent des atmosphères dérangées.
Les 7 premiers morceaux sont de Magwheels, vont de 40s à 8mn, et sautent du drone de guitare éclairé par quelques notes électroniques (Sundeenovember) aux lentes mélodies de guitare de Lastboring, en passant par les textures granuleuses ambient-noise de Monolithic Songbird. C’est fin, magnifiquement réalisé, et atteint son sommet quand Magwheels prend le temps de développer son travail sur The Only Window Is So High Up : les nappes de guitare ondulent comme des vagues, montent doucement, se font plus menaçantes, aiguisées, puis laissent la place à une mer calme. On pourra regretter de n’avoir là que 20 minutes de musique, mais elles pourront donner envie d’aller écouter le reste du travail de David Sullivan.

Les deux morceaux de Stone Glass Steel font 20 minutes chacun et représentent donc la plus grosse partie de cet album. Construits à partir de sonorités piochées dans les précédentes production de Magwheels, on y retrouve les composantes de sa musique. Ces deux pièces sont donc des mélanges, collages de bruits, drones, alternant le calme (nappes de guitares denses ou électroniques plus épurées) et la tension avec quelques passages menaçant de devenir bruitiste. Quelques mélodies apparaissent mais restent lointaines, noyées dans la masse, faisant juste apparaître une issue de secours que l’auteur refermera avant qu’on ne l’emprunte.
La deuxième pièce nous paraîtra un peu plus abstraite, tout en possédant son lot de magnifiques mélodies et contrastes entre nappes éthérées et bruits de guitares incisives pour des ambiances sombres, un peu inquiétantes.

L’album nous laisse globalement une très bonne impression, mais aussi une petite déception du fait que Magwheels ne soit pas seul maître d’oeuvre.

Fabrice ALLARD
le 13/03/2004