(4AD / Naïve)
16/03/2004
Rock
4AD / Blonde Redhead / Indie
Un disque de Blonde Redhead est toujours déconcertant. À l’époque de An
Expression Of The Inexpressible, la fausse tranquillité de ces morceaux surprenait en comparaison aux hurlements plaintifs de La Mia Vita Violenta. Il avait fallu quelques temps pour comprendre que l’air désabusé dont étaient empreintes ces chansons n’étaient que la lassitude d’avoir trop longtemps crié dans le vide. Ces rythmiques désincarnées exprimaient simplement le moment où l’on cesse de se projeter dans l’avenir, pour s’apercevoir que ça y est, on vit le temps du "quand je serais grand", que ce n’est pas exactement comme on l’imaginait, et qu’il va bien falloir faire avec. Et du coup, Blonde Redhead était devenu un grand groupe de post-punk.
Dès les premières mesures, Misery est plus lumineux. Le son si clair et particulier du trio a encore mué, les voix fatiguées ont repris un peu de poil de la bête. Entre temps il y a eu La chanson de Slogan, reprise du morceau de Gainsbourg pour une compilation zorn-ienne. Et on se rend compte enfin que Kazu Makino ou les frères Pace, avant d’être new-yorkais, ont aussi grandi au Japon ou en Italie, pays où Toru Takemitsu et Ennio Morricone faisaient la musique des films d’exploitation, en mêlant des bizarreries bruitistes à un sens très développé de la mélodie qui fait mouche. L’assimilation de ces nouveaux éléments suffit à transformer le désabusement en mélancolie, on n’a plus l’impression d’aller dans un mur mais au contraire que le groupe peut recommencer à bâtir quelque chose.
le 20/03/2004