(Planet Mu / La Baleine)
31/03/2004
Electronique
On n’a jamais du parler de Kid Spatula sur ce site. En fait on en a parlé indirectement, puisqu’il s’agit de l’un des pseudos de Mike Paradinas, connu en tant que µ-Ziq, et boss du label Planet Mu. C’est sous ce nom de Kid Spatula qu’il dit sortir ses productions les plus commerciales. Tout est relatif...
Meast est gargantuesque : deux CD remplis à ras bord. Deuxième point, il ne s’agit pas d’un album, mais d’une compilation de morceaux inédits, enregistrés entre 1994 et 1998. Entre l’effet compilation d’archives et le double volume, on risque ici l’indigestion et les deux CDs ont un peu de mal à passer. Heureusement ces morceaux soit disant commerciaux sont parfois d’une beauté incroyable.
Il est vrai que ça commence assez fort avec quelques titres post-80s taillés pour le dancefloor (HouseWife), des mélodies douces et anodines (Shistner’s Bassflex), un mix jazz hip-hop qui reste intéressant (Tugboat), ou encore le big beat ludique de Residue. En même temps, on ne sait trop sur quel pied danser puisqu’entre deux titres efficaces, Paradinas nous colle un morceau aux sonorités de musique classique pour une sorte de menuet électronique (Spacious Hallway) ou une bande son de film moyen-âgeux (Squirms) où l’on imagine le chevalier allant délivrer sa princesse, les vautours qui rôdent, les gargouillements sombres à l’approche du marais.
Les fans de µ-Ziq y trouveront ensuite leur bonheur : sonorités limpides et rythmiques Aphex Twinisantes sont là (Further, Jackal), et globalement un dernier tiers du premier CD de toute beauté, entre la finesse des mélodies de Lunatic Harness et l’acoustique de Royal Astronomy sur It Starts With Bongos. Si l’on ne devait en retenir qu’un, on opterait pour Trike et sa mélodie belle à pleurer. Une douceur qui se prolonge en fin de disque par deux titres ambient également fort réussis, particulièrement fins.
Malheureusement, le deuxième CD nous paraîtra nettement moins inspiré, tournant un peu en boucle, basé sur des sonorités et mélodies ludiques, et jouant systématiquement sur le décalage entre rythmique efficace et mélodies légères sans aller jusqu’au bout comme le faisait Aphex Twin. On regrettera aussi quelques morceaux un peu trop référencés (Harpsichord pourrait se trouver sur l’un des premiers albums d’Autechre) même si Paradinas a toujours été proche d’Aphex Twin (au sens propre puisqu’ils ont déjà travaillé ensemble) ou d’Autechre par la musique.
Finalement, ce que l’on retiendra de ce deuxième CD, c’est ce que l’on connaissait déjà de Paradinas et dans lequel il est toujours aussi bon : les nappes de Upton, les mélodies à base de notes flottantes de Measty, l’intégration de piano sur Member, ou encore l’ambient sombre et futuriste de Peg.
On a commencé avec ça, et on finira avec : le choix du double CD s’avère indigeste et nous fait un peu penser au Drukqs d’Aphex Twin, même si Meast reste au dessus. Dommage d’avoir dilué sur deux CD alors qu’il y avait là moyen d’en faire un excellent. Malgré ces réserves, il y a quand même suffisamment de belles pièces pour conquérir les fans de µ-Ziq.
le 28/06/2004