(2.nd Rec / La Baleine)
03/05/2004
Electronique
Pilot Balloon sort ici son premier album sur le label allemand 2nd Rec, label à la qualité plutôt régulière. Il s’agit ici d’un duo américain pas tout à fait ordinaire. Le premier, Judson Mac Rae, a fait des études de composition classique et de guitare jazz, tandis que KaeoFLUX vient du DJing. Il se trouve que ces origines différentes n’ont pas nui à leur futur entente, y voyant même là une complémentarité dont ils font parfaitement preuve sur Ghastly Good Cheer. Il aura fallu quatre ans de travail pour en arriver là, mais ça en valait la peine.
On retrouve donc ces deux composantes dans leur musique, et dès le premier titre qui sert d’intro à l’album, un ensemble de cordes mélancoliques côtoie des rythmiques hip-hop. Du coup, dès le deuxième morceau on pense à une sorte de Portishead orchestral, tout aussi mélancolique mais sans la voix de Beth Gibbons. Du coup la musique de Pilot Balloon nous fait aussi penser à un abstract hip-hop cinématographique. Une composante qui se concrétise petit à petit avec, régulièrement, à la place du chant, des extraits de dialogues, des voix qui parlent. A part un titre un peu plus expérimental, abstrait et qui semble se perde en route (Genco Sister), et la hip-pop décadente et désenchantée de Mister Clicks, qui viennent un peu rompre avec le style très coulé du groupe, Ghastly Good Cheer est l’album hip-hop le plus mélancolique que l’on ai pu entendre.
Des notes de piano de Pavane for Vinchy aux cordes de A Throng with Sticks, en passant par le croisement de piano et glockenspiel de Vampire Tonic ou la guitare jazz de Christian Strifry, voilà un album d’un raffinement extrême et d’une sensibilité étonnante. Majoritairement instrumental, on ne trouvera qu’à de rares occasions ces vocaux typiques du hip-hop placé très en avant. A la place, Pilot Balloon utilise des voix toutes en retenue, douces et feutrées sur A Throng with Sticks ou des samples surprenants comme Dead Can Dance sur Closet Carpetbagger ajoutant un petit côté mystique à un album globalement sombre.
A ceux qui regrette le manque de mélodie dans le hip-hop, à ceux qui ont un peu de mal avec le phrasé typique du genre, aux amateurs de sonorités nouvelles, aux scratcheurs romantiques, à ceux qui pensaient qu’un disque de hip-hop ne les ferait jamais pleurer, à tous ceux là on ne peux que conseiller ce premier album de Pilot Balloon. Les autres auront déjà été convaincus auparavant avant la fin de cette chronique.
le 27/07/2004