(Strange Attractors Audio House / Import)
06/07/2004
Rock
Quatrième album de Paik, ce trio américain que l’on a découvert bien tardivement via sa participation à la série Tryptich du label The Music Fellowship, Satin Black charme par sa noirceur en même temps qu’il n’attire pas toujours par ses instrumentations.
Noyé dans un déluge de guitares mêlant néo-shoegazing et influences kraut-rock, Jayne Field ouvre l’album de manière plutôt intéressante, même si l’ensemble semble parfois un peu trop chargé. De même, Dirt for Driver est trop proche d’un certain free rock américain, voire peu éloigné du métal drone, pour convaincre : cymbales étourdissantes, guitares sursaturées, mur continu de distorsion, basse entêtante, évolution interne réduite. Pourtant, si on ne goûte guère cet amas d’électricité, il se dégage de ces deux premiers morceaux une obscure clarté attrayante et séduisante.
Laissant de côté, par la suite, ces tentations pompières, Paik se rapproche, dans le morceau-titre, du space-rock qui avait su nous toucher il y a un an et demi : guitares réverbérées tissant d’aériennes toiles mélodiques et section rythmique au diapason. Néanmoins, la noirceur continue de dominer le tout via la basse saturée, la répétition des coups de toms ou la nappe finale à la fois inquiétante et fascinante. Débutant de manière plus apaisée, Dizzy Stars, toujours aussi sombre, se tend jusqu’à n’être plus qu’un dialogue entre plages de guitares saturées et batterie. Poussant encore plus loin cette démarche, Stellar meltdown en el Oceano, titre de clôture de près de quinze minutes, est un long drone de six-cordes au sein duquel percent de savants jeux de larsens, de prenants trémolos ou d’habiles pizzicati.
Ainsi aura été couvert la totalité du champ musical de Paik : du free rock emphatique au drone captivant. Si cette capacité à œuvrer dans des domaines variés est à mettre au crédit du trio, on aurait toutefois été davantage emballé avec un peu moins de grandiloquence par moments.
le 20/08/2004