(Aphorism Records / Import)
04/04/2004
Electronique

Deuxième sortie pour le label allemand Aphorism Records, confirmant leur intérêt pour une certaine electronica, plutôt mélodique, mais qui se cherche alors que le style semble avoir atteint ses limites. Avec plus de 10 ans d’expérience dans le domaine, le suisse Henry Favretto qui livre ici son troisième album ne se contente pas de suivre une mode, et essaye de proposer une version personnelle du genre.
On est assez surpris par les premiers titres qui se révèlent à la fois efficaces et riches, avec des sonorités un peu datées, plus proches de la techno que des bleeps de l’IDM. On se retrouve donc avec de douces nappes et arpèges directement sorties de claviers analogiques, ce qui nous change du tout-laptop, mais risque de faire passer ce disque pour dépassé. Parallèlement à ces douces rondeurs mélodiques, on trouve des rythmiques franches, carrées, un peu marquée par des influences industrielles qui rendent celles-ci un peu lourdes mais aussi dansantes. On notera ainsi le très beau Caveman’s Dream qui ferait fureur dans une soirée de clubbing indus, jouant sur le contraste entre sa rythmique et ses petites notes éclatantes. Même genre d’atmosphère sur Lord of the Birds, plus complexe, mais toujours indus-technoïde, porté par des mélodies flottantes et planantes.
Malheureusement, le suisse semble très vite manquer d’inspiration, et de nombreux titres font preuve de facilité : abus de nappes répétitives, arpèges à tout va qui semblent être là pour combler un vide mélodique, tandis que les rythmique se révèlent moins fouillées. On trouvera bien quelques originalités, comme l’incursion jazzy d’un clavier sur Coward, ponctué de voix brouillées, ou l’arpège rétro façon Tangerine Dream sur le dernier morceau, Nutmeg Pane, à l’ambiance soyeuse, où tous les éléments sont au diapason, au service de la même chose.
Autre originalité, l’album se clôture par deux remixes, mais il s’agit de morceaux d’autres groupes remixés par le suisse, et non pas deux morceaux de ECM remixés par d’autres artistes. Impression mitigée avec sa reprise d’un titre de Swandive, groupe dark-pop suisse, dont la voix nous donne l’impression d’être posée sur la musique d’ECM. Blind Faith ensuite, un morceau du groupe electro-indus suisse Sleepwalk nous fait meilleure impression, plus expérimental mêlant des influences dub à un travail plus précis, haché, et des voix passées au vocoder.
Au final, on restera un peu perplexe. Les premiers titres laissant apercevoir un excellent potentiel, malheureusement gâché par la suite, donnant un final un album particulièrement déséquilibré. Par ailleurs, ces remixes qui donnent l’impression d’être là pour atteindre les 70 minutes sont de trop. On aurait préféré 40 minutes, mais de meilleure qualité.
le 23/08/2004