Taylor Deupree + Christopher Willits

Second album en commun pour Taylor Deupree et Christopher Willits, quelques mois après celui paru sur Audiosphere (label commun à Sub Rosa et Audioview sortant ses disques dans un packaging transparent, semblable à celui d’un DVD). Cette fois-ci, c’est le label japonais Plop qui héberge les deux musiciens pour un album respectant une stricte alternance entre morceaux longs et courtes pièces.

Tantôt basé sur des improvisations de guitares, tantôt centré uniquement sur l’électronique, Mujo est un album attachant et plutôt rafraîchissant où les deux univers des artistes se rejoignent idéalement pour créer une musique à la fois dépouillée et riche, capable, avec un minimum de moyens, d’émouvoir et de toucher. Incorporant un accordéon ou un mélodica à leur electronica minimaliste, Deupree et Willits parviennent à ne pas tomber dans un fourre-tout trop hétéroclite et à conserver, tout au long du disque, une certaine cohérence. Peut-être plus convaincants dans les titres les plus brefs où, condensant leur propos ils se font immédiatement pertinents, les américains s’accommodent parfois moins bien des morceaux qui s’étendent sur cinq ou six minutes, n’arrivant pas toujours à éviter à leur auditeur une légère lassitude.

Pour autant, la rencontre de ces deux domaines est généralement fort plaisante, surtout grâce à la grande clarté des sonorités employées et à l’extrême précision des éléments utilisés. A ce titre, Deupree et Willits ont fréquemment recours au morcellement (samples fragmentés, boucles raccourcies, glitchs fractionnés, mélodie parcellaires) comme pour mieux rendre compte de cette volonté délibérée d’aller à l’essentiel, sans s’encombrer de fioritures, mais sans néanmoins tomber dans la recherche d’une efficacité à tout crin. S’il est parfois frustrant, ce procédé a le mérite d’être complètement assumé et de faire œuvre d’élégante et esthétique ligne de conduite d’un album subtil et raffiné.

François Bousquet
le 07/09/2004