Landing

Second album de Landing sur K Records (le cinquième en tout de la formation américaine), Sphere ralentit sensiblement le tempo et apaise le propos par rapport à ce à quoi le groupe nous avait habitués.

Ainsi, même si le disque ouvre par Fluency of Colours, intéressant morceau de pop atmosphérique traversé par de captivants arpèges de guitare et soutenu par une rythmique carrée, la suite de l’album oeuvrera dans des eaux plus vaporeuses : textures composites transpercées par d’étincelants entrelacs de six-cordes et couronnées par la voix évanescente d’Adrienne Snow (Into Silence), math-rock alangui (Gravitational 2), nappes cotonneuses d’où s’échappe un filet de voix (Where the Leaves…). Partant, peu à peu, le groupe semble délaisser son héritage shoegazing et s’éloigner de cette scène américaine qu’il a contribué à développer pour se rapprocher d’une certaine space-pop que savent si bien maîtriser des formations britanniques comme Portal ou July Skies.

Si l’on ne retrouve toutefois pas, sur Sphere, des envolées instrumentales comme on a pu en connaître dans Oceanless, ce choix manifeste d’une pop éthérée (après un Passages Through qui reproduisait à l’envi un partage équitable, au sein des morceaux, entre passages chantés et instrumentaux) permet aux Etats-Uniens de passer à autre chose, sans se renier mais en continuant à avancer. Point de regrets ici pour l’auditeur, juste le plaisir de retrouver un groupe qui, estimant avoir fait le tour d’un genre musical, se dirige allègrement vers un autre, plein de cette fraîcheur qu’on a quand on aborde quelque chose de nouveau. Alternent alors gracieusement titres chantés et morceaux uniquement instrumentaux (de la petite pièce de deux minutes à la longue plage faite d’une seule nappe dépassant les six minutes), Sphere s’écoute avec bonheur, nouvel effort d’une formation sans cesse capable de nous émouvoir (à ce titre, le morceau de clôture, Feel and the Seas Fill est imparable : voix et arpèges réverbérés, jeu sur le feedback de guitare) et, dès lors, passionnante.

François Bousquet
le 07/09/2004