Opto

Second album, deux ans après Opto Files paru sur Raster-Noton, pour Opto, duo de haute volée composé de Thomas Knak (Opiate) et Carsten Nicolai (Alva Noto), 2nd sort sur Hobby Industries, le label situé à Copenhague et dirigé par Thomas Knak.

Point fort appréciable, la musique d’Opto ne sonne pas comme une simple superposition des styles des deux artistes (electronica mélodique, d’une part, et clicks’n’cuts, d’autre part, pour faire court) mais dégage une sensibilité toute personnelle constituée à la fois de structures électroniques extrêmement précises et d’ambient néo-classique tout en épure et profondeur. Fortement empreint de sons bucoliques (le point de départ de l’album fut une vieille cassette trouvée, dans la forêt, par Carsten Nicolai et qui contenait des petits morceaux de guitares ; il la restaura et l’envoya à Thomas Knak qui enregistra des sons dans une autre forêt), le disque peut aisément s’écouter comme une plage unique au cours de laquelle on est envoûté par la richesse des textures et par la justesse des sonorités.

Si le côté amélodique ne gêne en rien, on se prend quand même à regretter de ne pas davantage percevoir les échos des morceaux de guitare de la cassette initiale ; en effet, dès qu’ils apparaissent (10.11 pm), ils apportent densité et consistance à une musique que l’on pourrait juger parfois trop clinique. De même, on est ravi de retrouver un morceau où la rythmique se fait plus présente via des sons micro-électroniques du plus bel effet (05.10 am) ou un titre plus proche d’une certaine electronica mélodique nordique (11.33 am). En fait, n’apprécions-nous pas ces morceaux par contraste avec ceux de la première partie du disque où l’accent est principalement mis sur les textures ? Si tous les titres contenaient une partie de guitare et une rythmique, n’en serions-nous pas lassé sur la durée de l’album ? Les réponses, à l’évidence positives, à ces questions apportent l’indéniable preuve de l’habile construction dont fait montre 2nd, disque intelligent, subtil et faisant honneur à leurs auteurs, déjà auréolés d’une carrière personnelle fort intéressante.

François Bousquet
le 07/09/2004