(Intr_version / Mochi Mochi)
30/08/2004
Rock
The Beans est un groupe canadien qui fait dans le post-rock tantôt épique tantôt contemplatif. Ce simple énoncé amène probablement les pensées les plus sceptiques sur la « mode » du post-rock chez les groupes venant du Canada ; seulement, The Beans n’est en aucun cas une formation suiviste de plus, puisqu’elle existe depuis 1995 et Bassplayer est son cinquième album. Il se trouve juste que ses précédents disques, sortis sur des labels plus confidentiels et moins prisés que Constellation, Kranky et autres, n’ont pas eu l’excellent accueil qu’ont pu recevoir les groupes de Montréal. Gageons que ce cinquième album, sortant sur Intr_version sera l’occasion d’introduire véritablement The Beans sur la scène post-rock internationale.
Cependant, bien que le groupe de Vancouver nécessite une reconnaissance plus large, on ne saurait parler de groupe majeur car on ne retrouve pas, dans sa musique, d’éléments significatifs qui nous permettent d’avancer qu’il y a une « patte » The Beans. C’est bien là le principal problème auquel sont confrontés les groupes défrichant en premier un champ musical : ceux qui viennent après ont une base de départ à partir de laquelle ils peuvent broder et apporter leur touche personnelle ; partant, le groupe « pionnier » paraît moins intéressant car s’en tenant au squelette du genre. C’est exactement le cas avec The Beans : guitare principale égrenant des notes réverbérées, seconde guitare chargée des nappes, batterie limitée à la portion congrue, introduction de samples de journaux radiodiffusés et de sons lointains de grosses cloches, utilisation de cordes, tous ces ingrédients ont été repris et améliorés par bon nombre de groupes, l’un s’attachant à la mélodie principale, l’autre aux crescendi de guitares, le troisième travaillant surtout sur les samples, etc…
Pour autant, ne boudons pas notre plaisir à entendre des morceaux parfaitement exécutés par un groupe démontrant une exemplaire connaissance du genre, sachant varier l’intensité de leur musique au bon moment et tisser d’agréables titres. Néanmoins, l’ensemble semble un brin trop scolaire et trop corseté, comme s’il manquait cette once de liberté que se sont autorisés et s’autorisent encore d’autres groupes évoluant dans la même sphère : décidément, que d’inconvénients à être un groupe « pionnier » !
le 07/09/2004