(Intercontinental / Chronowax)
00/11/2004
Rock
Folk / Intercontinental / Pokett / Pop
Stéphane Garry. Ce nom ne vous dit sûrement rien. Et bien figurez-vous que nous non plus. Par contre ce jeune homme est bien loin d’être un inconnu de la scène musicale française, puisqu’il oeuvrait jusque là dans l’ombre de Calc ou Un Automne à Lob-Nor en tant qu’ingénieur du son, ou dans l’ombre de Domotic en accompagnant Stéphane Laporte sur scène. Plus récemment on le voyait encore au Café de la Danse en tant que musicien pour Don Nino. Le voici donc qui sort de l’ombre avec ce premier album tout à fait étonnant de maîtrise.
Ce n’est pas nouveau, la musique folk connaît un certain renouveau depuis quelques temps, et on s’intéresse particulièrement sur ces pages aux flirts et croisements avec l’électronique. On parle beaucoup de Gravenhurst, signé chez Warp, il y a la sortie récente de l’album de Angil sorti chez Unique Records, on se souvient également du très bel album de Davide Balula (avec qui a aussi travaillé Stéphane Garry) chez Active Suspension, et Pokett c’est un peu un mélange de tout ça : de délicieuses expérimentations électroniques sur ElvisPressPlay qui sert d’introduction au disque et annonce la couleur, des mélodies et un jeu de guitare touchants sur Fall, et l’épuré Allright sur lequel on appréciera le chant plus marqué que d’accoutumée. On regrettera en effet quelques fois un chant trop doux, trop lissé, rendant quelques chansons plus anodines comme Bar ou Carthago.
Mais Stéphane Garry aime à inverser les rôles et invite à son tour de nombreux amis à participer à son album, souvent pour de belles réussites, à commencer par Bertrand Groussard (King Q4) que l’on retrouve, comme dans Encre, à la batterie pour des décollages pop-rock ou post-rock, à l’image de la superbe introduction de Carthago : délicat jeu de guitare et rythmique enlevée assurée cette fois par Stéphane Laporte (Domotic). On retrouve ce dernier sur Marmelade, venant enrichir la pop-folk épurée de Pokett avec quelques jolies notes de piano, glockenspiel et tourbillonnements électroniques.
Si tout cela est déjà fort joli, le disque gagne encore en intérêt et en nouveauté avec ses expérimentations personnelles. Sun par exemple se divise en quatre parties pour atteindre les 12 minutes : un début pop-folk à l’image de l’album, une longue et belle cassure électro-ambient-noise, un retour au calme, presque contemplatif, avec un jeu de guitare particulièrement technique, puis un final instrumental soutenu par une rythmique électronique. Les jolies guitares fracturées de Train sont à la fois amusantes et dans l’ère du temps, mais c’est l’ambiance délicieusement rétro, presque psyché qui retiendra notre attention ici sur de belles envolées de rock mélodique. Bel enchaînement avec OkCancel qui met en parallèle boucle de guitare acoustique et mélodie de guitare électrique plus rock sur fond de chuintements électroniques.
Pokett a tout de suite retenu notre attention avec cet album à la fois efficace, et fruit d’un travail personnel et recherché. Imaginez un album d’Elliott Smith produit par Jim O’Rourke et vous aurez une petite idée du son de Pokett.
le 11/11/2004