(M-Tronic / La Baleine)
06/10/2004
Electronique
On commence a bien connaître le travail de Dither que l’on suit depuis ses premiers albums chez Noise Museum qui lui permirent déjà de bénéficier du qualificatif élogieux d’Autechre français. Un qualificatif qui lui convient toujours assez bien, même s’il n’a pas pris la même direction et qu’il a toujours opté pour les mélodies, souvent mélancoliques sur ses rythmiques syncopées gentiment industrielles. On avait du mal sur ses derniers albums à voir une véritable évolution, on constatait plutôt une stagnation basée sur des acquis certes solides. Mais avec Amek, Dither fait un pas en avant et nous offre ici un de ses meilleurs albums.
Si la pochette opte pour un certain minimalisme, il ne faut pourtant pas se fier aux apparences. Nom d’artiste, titre de l’album, nom du label et adresse internet du site de celui-ci sont les seules indications visibles. Et pour cause, puisque les dix pistes qui composent cet album n’ont pas de titre. C’est même seulement en plaçant le disque sur notre platine que l’on apprendra le nombre de pistes.
Par contre, la musique de Dither est toute autre, à l’image du premier morceau : rythmique complexe, fourmillement de bruitages qui viennent encore renforcer l’impression de chaos, imitation d’un CD qui saute, et là dessous, en catimini se faufilent des nappes sombres et glacées que viennent contredire de superbes notes mélodiques, comme des pointes affûtées qui percent une membrane étouffante. Même contraste, même maîtrise sur le dernier morceau de l’album qui ouvrait également le récent concert de Dither au Triptyque. Ca dure une dizaine de minutes pendant lesquelles les éléments se mettent doucement en place, avec mélodie envoûtante et composants rythmiques secs. C’est ce mélange de douceur mélancolique et de dureté industrielle, qui fait que la magie opère.
Pour le reste, on remarquera que Amek est tout de même plus complexe que ses prédécesseurs, tout en restant mélodique, et en gardant donc une certaine efficacité, mais c’est aussi ce qui le rend plus intéressant. Le fourmillement de bruitages et d’éléments rythmique peut perturber l’auditeur, mais il rend les mélodies encore plus précieuses. On appréciera également le superbe travail du sixième morceau, plus calme, mais à la mélodie complètement hachée, syncopée, et parsemée de clicks. En y prêtant une oreille attentive, on devine un superbe morceau, particulièrement mélancolique qui serait malmené, déstructuré, et qui au fil des 10 minutes que dure le morceau retrouve sa clarté originelle. On remarque sur le morceau suivant de superbes assemblages de sons d’origines variées comme ces glissandos de basses et ses envolées d’arpèges mélodiques, et pour finir, on appréciera grandement le neuvième titre, plus évocateur qu’efficace, avec des sonorités plus acoustiques, faisant penser à des cordes métalliques frottées.
A tous niveaux, on tient là un des meilleurs albums de Dither. Plus complexe, plus riche, assurément plus travaillé, plus recherché, sans pour autant se perdre en route.
le 25/11/2004