(Hymen / Toolbox)
01/10/2004
Electronique
Breakcore / Expérimental / Hecate / Hymen
Chronique à rebours, à l’inverse de Hecq (Scatterheart), paru le même mois, sur le même label (ceux qui l’ont lu comprendront), voici un excellent album d’une artiste pourtant très (trop) difficile auparavant. En effet, Hecate et ses divers projets n’ont jamais été ma tasse de thé. Trop extrême, trop brutal, trop crue. Pourtant fan de David Cronenberg j’aurais dû accrocher avec The Magick of Female Ejaculation, l’album précédent de Rachael Kozak (son vrai patronyme) basé sur des samples organiques capturés lors de ces divers rapports sexuels (tout y passe et on en apprend beaucoup sur les penchant de la demoiselle, dans le livret). Pourtant, celui-ci nous avait laissé un goût pour le moins douteux sur la langue. L’intéressée sourirait si elle nous lisait, puisqu’en bonne provocatrice c’est bien évidemment l’effet qu’elle souhaitait provoquer. N’oublions pas que dans la Grèce antique, Hecate est le nom d’une célèbre divinité du monde souterrain, présidant aux apparitions des fantômes et aux sortilèges. On est donc loin ici, d’un personnage politiquement correct.
Or, si son nouvel opus, Seven Veils of Silence n’est pas moins habité de sourdes vibrations occultes, il présente des aspects bien plus attrayant que ces violents prédécesseurs. Apparemment inspirée par son compagnon de label Mathias Mootz (Panacea / M2 - lire Squaremeter) et son album d’obédience "jihadi" Aswad (Ant-Zen juin 2004) Rachael Kozak nous livre ici sa version personnelle des "Milles et une nuits", mais surtout de l’histoire de Salomé et St Jean Baptiste. De démons et autres sortilèges il sera aussi question ici, mais en version orientale (Nest of Viper, Salome’s Command, Desert Rapture), Hecate semblant particulièrement apprécier ce passage sanglant et passablement malsain de la bible. Les Goules étant des créations d’origines musulmanes (du mot Ghül en arabe), ceci explique peut-être cela.
Musicalement, Seven Veils of Silence célèbre l’union de l’electronica et du broken beat torturé, façon Venetian Snares, noyé dans une ambiance moyen-orientale qui n’est pas non plus sans rappeler Muslimgauze (autre feu-grand prophète électronique impliqué dans la lutte pour la reconnaissance musulmane dans le monde). Même si les chœurs distordus et les breaks plombés de Rachael évoque sans peine ses œuvres antérieures, plus brutes, il règne sur ce disque une atmosphère un rien plus sereine (oserais-je dire "écoutable") au moins musicalement, les thèmes, eux étant très sombre. Cela vient-il des mélodies orientales qui enrobent de leurs sonorités hypnotiques la plupart des tracks ou d’une maturité nouvelle de cette sorcière électro ? On ne saurait le dire. Toujours est-il que Seven Veils of Silence, de part ces influences, ces thématiques et son aspect "concept album" est une œuvre rare et riche qui mérite d’être écoutée. C’est aussi une bonne surprise de la part de cette artiste hors-normes et sans concession.
le 03/12/2004