Marshall Watson

Quand, il y a un an, Highpoint Lowlife mettait en ligne les premiers MP3 de Marshall Watson, la biographie du natif de Seattle était accompagnée de cette phrase : « oubliez Ulrich Schnauss, voici Marshall Watson ». Légèrement pompeux, le slogan nous avait fait sourire à l’époque. Cependant, depuis plusieurs mois, l’artiste autrichien n’a cessé de nous décevoir (son second album, son concert à Londres) et semble préférer, pour l’instant, de lucratifs remixes à un travail personnel (même s’il n’y a rien de honteux à remixer Depeche Mode ou Rachel Goswell) ; dans le même temps, après avoir été émoustillé par les premiers morceaux de l’artiste états-unien, un premier EP n’avait fait qu’amplifier notre attente du premier long-format de Marshall Watson. Ce temps venu, on peut logiquement se demander si le slogan n’avait finalement pas raison.

En effet, l’electronica mélodique est ici à son meilleur : textures soignées, sonorités travaillées, mélodies choisies et rythmiques précises ; tous les ingrédients sont là (tout juste pourrait-on reprocher à l’artiste cette voix passée au vocoder dans The Dangerous Empty ou dans le un peu facile A Boy in September). Qui plus est, Marshall Watson sait se frayer un chemin sur des terres moins oniriques comme dans Fifty in June où il met en avant une rythmique electronica-dub et fait primer les nappes sur la dimension chromatique de sa musique. Mais là où l’états-unien excelle, c’est bel et bien dans l’electronica mélodiquement addictive où la beauté des enchaînements n’a d’égal que sa farouche volonté de toucher sans tomber dans le vulgaire ou dans le bas de gamme (Lost at Seven). De la même manière, il est extrêmement convaincant quand il propose un titre arythmique où on se laisse aisément porter par d’enveloppantes nappes (About the Time I remembered).

Peut-être plus enivrant dans sa seconde partie (où on retrouve deux des trois morceaux du EP mp3, dont le sublime Square Wheels), The Time Was Later than He Expected nous emplit donc de bonheur, confirmant grandement tous les espoirs placés en Marshall Watson et positionnant celui-ci comme l’un des tous meilleurs artistes du genre.

François Bousquet
le 19/12/2004