(Coredump Records / Chica Chic)
01/09/2004
Electronique
Coredump Records / Electronica / Hip-Hop / Raoul Sinier (Ra)
Nous ne vous parleront pas ici du Dieu du soleil qui porte le même nom, mais d’un graphiste touche à tout qui signe ici son premier album. On avait repéré le travail du jeune homme, un proche de structures comme Tsunami Addiction ou Event 10, qui est par ailleurs l’auteur de la pochette du dernier album de dDamage chez Planet Mu. Sa musique est d’ailleurs un peu dans le même esprit que celle des frères Hanak, à la croisée du hip-hop et de l’électronique version brut.
Voilà, les choses sont claires, Raoul vous aime. Or si vous écoutez sa musique il y a quelques chances pour que ce sentiment soit partagé. Si l’on tient là le début d’une magnifique comédie romantique, les plus "fleurs bleus" d’entre vous risquent de déchanter rapidement puisque le premier titre mêle intro noise, basses nasillardes, rythmique lourde mais particulièrement efficace, dans un esprit pop qui, même si l’on retrouve Michael Jackson sur ev.panic, restera minoritaire.
Raoul Loves You fait preuve d’une densité rare. Guère de répis pour l’auditeur qui écoutera les 70 minutes d’une traite, avec 16 morceaux oscilant entre 4 et 5 minutes, aux rythmiques complexes, aux sonorités riches, les percussions étant régulièrement brutes, saturées, grésillantes, même si sur la fin l’apparition d’une vraie batterie change un peu la donne. On regrettera parfois la construction un peu systématique des morceaux, débutant par un hip-hop relativement calme, posé, interrompu une ou deux fois par une séquence jungle/breakcore où la rythmique s’emballe (Human saw tool).
S’il est vrai que l’on peut penser parfois à dDamage (Intro, Violent Badger), Ra possède quand même un son bien particulier, une sorte de hip-hop crade marqué par des mélodies jazzy lui conférant parfois un charme rétro, que ce soit par l’utilisation régulière de sons d’orgues (Hérisson albinos rules qui grâce à de subtils effets possède un son extrêmement actuel, mmt, You’ll be @# !), des guitares à la Jimmy Hendrix sur Violent Badger, ou de doux cuivres sur Love to fall aparts qui, dans ses moment calmes nous fait penser à la bande originale d’un film avec ses samples de voix trafiqués.
S’il y a moyen de se faire surprendre sur chaque morceau, quelques uns d’entre eux sortent franchement du lot et font figure de pause salvatrice venant apporter un peu d’air sur un disque aux atmosphères pesantes. Il s’agit d’un air marin sur Bad birds avec ses cris de mouettes derrière de douces mélodies d’orgues, tandis qu’un piano délivre une magnifique mélodie sur Fée, mélancolique, épuré, une beauté que l’on retrouve un peu plus tard sur Leak deux morceaux qui a eux seuls justifient l’achat du disque.
Hip-hop jazzy, mélodique, fruit de découpages et traitements électroniques, influences pop, soul revisitées et passées à la moulinette, l’album de Ra est une belle synthèse de toutes ces musiques intégrées avec goût car c’est sûr, Raoul aime aussi la musique.
le 05/02/2005