(Cubic Music / Chronowax)
14/02/2005
Electronique
Il semblerait que Kyo Ichinose soit déjà une figure de la scène expérimentale japonaise. Peut-être est-ce son CV qui impressionne puisque ce jeune homme a commencé par composer de la musique contemporaine alors qu’il était à l’Université de Tokyo. Maintenant il s’intéresse de plus près aux techniques informatiques comme nouvelles composantes de sa musique. Il s’agit de son deuxième album, après The Machieneries of Joy - Yorokobi no Kikai, paru chez Current, le label de Yoshihiro Hanno.
Autant le dire tout de suite, on a un peu de mal avec ce nouvel album de Kyo Ichinose. Le problème c’est que sa musique n’est même pas désagréable. Elle est juste transparente, avec la saveur d’un verre d’eau (tiède), et l’odeur de l’air qu’aucune effluve ne vient teinter. Mais surtout on a le sentiment que tous ces traitements électroniques (à la rigueur relativement discrets) viennent affadir une musique qui, si elle était purement acoustique, fonctionnerait bien mieux. Le systématisme dont il fait preuve dans l’utilisation d’une reverb qui vient noyer toutes ses compositions, dans ses notes qu’il s’évertue à nous renvoyer jouées à l’envers, nous lassent assez rapidement, et font montre d’un certain manque de renouvellement et d’idées (lontano#2 reprenant lontano#1 en guise d’introduction en est la parfaite illustration).
Kyo Ichinose se contente d’illustrer son propos : Lontano signifiant lointain en italien, ses pièces sont censées illustrer une musique qui viendrait d’on ne sait où, et que tout le monde pourrait écouter en même temps, comme venue de l’espace, d’un autre monde, d’un paradis perdu ? On pourrait continuer ainsi les délires new-age avec lesquels la musique du japonais semble flirter parfois (never/always, d’une vacuité sidérale). Les amateurs d’ambient risquent même d’être déçus en ne pouvant se laisser porter par lontano#2 qui, bien que durant plus de 13 minutes, se voit sans cesse brisé par des ruptures, délaissant ses nappes pour un solo de piano, puis revenant à ses nappes pour passer à une section de violon.
On parviendra tout de même parfois à se laisser séduire, quand l’électronique apporte réellement quelque chose comme une petite rythmique ou un léger traitement métallique sur les voix de 8 hands, un effet de hachage sur le final de lontano#2, quand de petites notes de piano apporte une lumière nouvelle sur lontano#1 ou, comme on le disait plus haut, quand il reste très acoustique, comme sur a missed story, franchement néo-classique.
Perdu au milieu de tout ça, on trouve TOKYO, une pièce purement électronique où une basse nasillarde se dédouble et finit par se faire elle aussi liquéfier en une nappe ondulante.
Si l’ambient un peu mièvre ne vous fait pas peur, si vous pensez que toute nouvelle expérience électro-acoustique est bonne à prendre, vous partirez peut-être loin avec lontano. Mais il semblerait que pour notre part, on ait raté le décollage.
le 28/03/2005