(Planet Mu / La Baleine)
16/02/2005
Electronique
Chevron est le projet de Jonathan Valentine (d’où une date de sortie anglaise le jour de la St Valentin), qui sort ici son premier album après avoir fait son apparition il y a quelques mois sur la compilation Amµnition du fameux label anglais. Il figurait alors en bonne place, juste après quelques titres de Venetian Snares avec qui il partage effectivement quelques affinités.
Voila le genre d’album qu’on ne sait par quel bout attaquer. Finalement tout à fait cohérent, son auteur enchaîne et mélange les genres avec une facilité déconcertante pour en fin de compte produire un album à mi-chemin entre electronica et breakcore, mais intégrant également des musiques de jeux vidéo, des sonorités moyen-âgeuse, ou s’essayant même à une pop tout à fait personnelle, le tout dans un esprit d’apparence bordélique mais qui en fin de compte s’avère plus organisé qu’il n’y paraît.
On en ressort quand même une espèce de formule qui consiste à faire une intro ambient ou electronica sur laquelle au bout d’une minute environ, apparaît une déferlante rythmique, avec ronflements de basse et percussions bruitistes. Un break, ensuite, permet un retour au calme, et dans un deuxième temps, la rythmique peut reprendre son style breakcore ou se calmer un peut, tout en restant dans un style très electronica (sonorités métalliques, effets de syncope). Suivant ce principe, le disque s’ouvre sur le guilleret Swimmin’ Lessons et ses bleeps 8 bits, enchaîne sur la musique de chambre de Running Out of Time avec une jolie mélodie de harpe, un ensemble de cordes synthétiques, bien vite renversé par rythmique et chant ragga sauvage. Pourtant, le final très electronica s’avère franchement mélancolique et tout à fait dans la lignée des productions Planet Mu.
Le personnage qui est derrière cette musique est difficile à cerner. On a envie de sourire devant la naïveté des nappes new-age de Optic Realisation, on imagine même des voix posées dessus du genre "Welcome in a new world... in a world of peace...", mais un joli travail sur des voix, la rythmique savamment travaillée, finissent par l’emporter. De même sur London, sorte de bande son d’un film de science-fiction dans une capitale anglaise envahie par des robots.
Poursuivant cette alternance, Chevron mène l’auditeur par le bout du nez, nous fait passer d’un classique morceau ragga-core (Rudi the Techno Pioneer) à une pièce electronica dont les éléments rythmiques s’emmêlent les pinceaux (Kingdom) pour nous emmener en fin d’album vers une pop revisitée.
Tout commence par Polyphonic Ringtone. Un titre en forme d’ode aux nouvelles technologie, une voix affable, on pense forcément à un Kraftwerk sous ecsta, sans compter que l’intro n’est autre qu’une version pour téléphones portables du Tour de France des allemands. Moins référencés et tout aussi réussis, les derniers morceaux sont de véritables mélanges pop/IDM/breakbeats, avec une voix soul sur le downtempo Going Out of My Head, et un sample de Kate Bush sur Emails and Viruses.
Voila un disque qui devrait au moins en partie plaire à peu près à tout le monde : electronica, breakcore, ambient, pop, musique médiévale, Chevron se moque des genres pour créer son propre style.
le 28/03/2005