(Brume Records / Season of Mist)
00/12/2004
Electronique
Brume Records / Displacer / Electronica / Industriel / Prospero / Remain Silent
Difficile de trouver quelques informations sur Prospero, un nom de projet assez étrange qui ne laisse aucunement présager de la musique que nous allons écouter. C’est le label tout d’abord, Brume Records, qui nous met sur la voie, puis le tracklisting faisant apparaître des remixes de Remain Silent, Displacer, Converter, ou Flint Glass. Prospero est en fait le projet de Wade Anderson, jeune canadien ayant fondé le label Sub.Session qui sort ce double album conjointement avec Brume.
Sub.Session est dans la droite lignée de label comme Brume ou M-Tronic, produisant une electronica-industrielle, et chez qui on retrouve notamment Displacer ou Dither.
On est d’abord perplexe par le tracklisting de ces deux CDs, alternant, a priori sans réelle logique, morceaux originaux et remixes. Si Spreading the Infection comporte 11 titres originaux et 11 remixes, cette organisation ne donne pas l’impression d’écouter un véritable album de Prospero, et empêche un peu une réelle appréciation de son travail éparpillé entre les remixes. Nous allons quand même tenter de faire la part des choses, et commencer par parler des morceaux de cet artiste.
Ce travail sera d’ailleurs facilité par la présence de deux titres originaux en guise d’ouverture qui permettent de cerner le sujet : ambiances sombres, angoissantes avec des souffles inquiétants, des nappes grinçantes, des voix malsaines et des choeurs religieux, soit une base dark-ambient à forte connotation gothique, sur laquelle viennent s’éclater de lourdes rythmiques industrielles. Cette plutôt bonne surprise se confirme sur Infection, qui avec Re_agent produit une électro-pop mélancolique du plus bel effet, mettant en scène un duo de murmures sombres et chant passé au vocoder, et plus loin sur Broadcast From the Coming Dawn, avec une belle intro futuriste simulant la mauvaise réception d’une radio dans un univers post-apocalyptique.
Malheureusement, la suite est un peu moins convaincante, tournant parfois même à la facilité avec une superposition de nappes et rythmiques manquant d’inspiration (Contagion & Rebirth, Insomnia malgré un travail rythmique intéressant), se contentant même de la rythmique sur Co:man:d, ou accumulant les clichés du genre sur Let the Planet Burn. Les derniers titres s’avèrent un peu plus intéressants avec Kill the Body sur lequel des cris et plaintes servent de mélodie, ou sur Action of Rhythms, une collaboration avec Displacer, plus calme, avec de nombreuses sonorités qui n’ont qu’un effet de ponctuation et permettent une structure un peu moins figée que d’accoutumée.
Au niveau des remixes, pas de grosses surprises. Là aussi c’est un peu la bazar puisque l’on trouve aussi bien des reprises de morceaux précédemment cités, que des remixes de titres issus de son premier album sorti en CD-R. De plus Prospero ayant un style assez personnel et généralement plutôt efficace, il semble souvent difficile pour les remixeurs de proposer mieux.
Il y en a quelques uns qui se font remarquer comme This Morn’Omina et sa rythmique franchement tribale, Vertigo avec un remix techno-trance à la fois amusant et décalé, ou Remain Silent et sa rythmique sauvage qui écrase tout. On préférera quand même le travail de S:cage et son intro mêlant bruitisme à la Pan Sonic et une nappe lointaine qui évite les clichés du genre, Vo1d et ses nappes sombres et tentatives rythmiques avortées, et surtout Nerve Filter avec un superbe travail rythmique sur des nappes lancinantes et cotonneuses, en quelque sorte la faille lumineuse de l’album.
En définitive un notera un premier CD bien meilleur que le second, et un travail plutôt intéressant de la part de Prospero. Cela dit, Spreading the Infection semble réservé aux amateurs du genre !!...
le 02/04/2005