Innocent X

Fugues

(Bleu Electric / Harmonia Mundi)

 date de sortie

24/02/2005

 genre

Rock

 style

Post-Rock

 appréciation

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3 Real Audio (extraits)

 tags

Anne-James Chaton / Bleu Electric / Innocent X / Post-Rock

 liens

Innocent X
Bleu Electric
Anne-James Chaton

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On découvrait Innocent X en concert il y a quelques semaines, et c’était plutôt une bonne surprise. Qu’en est-il de Fugues, leur deuxième album ?
On ne s’amusera pas à comparer Fugues avec Haut/Bas, leur premier album que nous n’avons jamais écouté, mais on abordera ce disque comme une découverte, agrémentée de quelques comparaisons avec le concert.

La comparaison sera d’ailleurs immédiate puisque le disque s’ouvre par Aux marches du palais, chanson populaire déjà interprétée par Yves Montand ou Guy Béart, et qui se voit ici interprétée par France Cartigny qui était présente sur la scène de la Boule Noire lors du concert. On avait été passablement ennuyé par ce morceau qui arrivait comme un cheveu sur la soupe dans un univers musical complètement différent de cette petite chanson pop anecdotique. En ouvrant l’album on en est débarrassé, et on peut se consacrer à l’essentiel.
L’essentiel, c’est du post-rock, plutôt bien troussé, pas ultra original mais parsemé de petites idées qui mériteraient d’être parfois un peu plus exploitées. On retrouve ainsi quelques belles montées de guitare à la Mogwai (Nord, Outremonde), quelques rapides gratouillis de guitare également propre au genre sur Insomnie. Des éléments connus, presque des passages obligés, mais Innocent X est loin d’en abuser.

Fugues est un album plus abstrait, avec des morceaux plutôt longs (6 à 8mn en général) qui créent des ambiances un peu mystérieuses, se laissant emporter par des influences moyen-orientales (Insomnie) ou arabisantes (Nord), ou restant scotché sur un passage ambient comme le superbe et long final de Outremonde sur lequel se pose une rythmique improvisée, comme si le temps s’était ralenti, ou sur l’intro de Praxis du vide, façon électronique expérimentale (ronronnements, grésillements, crépitements, drones).
Innocent X mélange les influences avec talent. On pense à Labradford avec la lente basse de Nord, et même si d’autres guitares viennent s’y ajouter, on reste dans un très beau post-rock introspectif ou divers bruitages et impacts enrichissent la rythmique. De plus les cassures et changements de rythmes parviennent toujours à surprendre, et remettre en cause une structure pourtant bien rôdée.
On pourrait juste regretter que des influences free jazz assez présentes en concert soient ici un peu bridées. On remettra aussi en cause les morceaux chantés : deux avec France Cartigny qui malheureusement étouffe la beauté mélodique de Trois fois barbare, et deux assurés par le poète contemporain Anne-James Chaton, à la voix grave, nous faisant penser à Kat Onoma : Comédie manque d’idée, tandis que la construction musicale de Valade Martial s’avère très intéressante, pendant que la voix montre à quel point nous sommes catalogués, référencés, fichés, que ce soit par l’administration ou des entreprises commerciales.

Fugues est un bel album, mais en l’écoutant on se rend compte que Innocent X est capable de faire encore mieux, beaucoup mieux que ca. Le potentiel du groupe semble ici bridé. Avant de faire intervenir des amis et s’offrir des collaborations, le trio devrait peut-être d’abord explorer ses propres possibilités.

Fabrice ALLARD
le 25/04/2005

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