(Audio Dregs / Import)
28/03/2005
Electronique
Après une année 2004 plutôt décevante (à l’image de la compilation Fork Ends et de l’album de Melodium dont on ressortait mitigé), Audio Dregs a entamé 2005 tardivement mais avec la sortie simultanée de deux albums. Tout d’abord, penchons-nous sur le second long-format du Japonais Yuichiro Fujimoto (après un premier effort paru l’an passé sur Smalltown Supersound), disque à la pochette joliment attirante.
Utilisation mal assurée (le natif de Chiba se targue de n’avoir pris aucune leçon) de divers instruments, enregistrement “à la maison”, instrumentation extrêmement dépouillée, absence de véritable ligne directrice interne à chaque titre : Yuichiro Fujimoto porte le caractère lo-fi de sa musique en étendard. Si cette revendication peut avoir ses charmes (spontanéité, approche directe de la musique, sentiment d’universalité nous laissant croire que tout le monde est à même d’en faire autant, ingéniosité musicale via l’insertion d’éléments du quotidien dans la musique comme le crayon et la gomme de Without Mabataki ou l’eau et la vaisselle de Forest’s Name), elle a également ses faiblesses et, malheureusement, assez rapidement, ce ne sont plus que ces dernières que l’on perçoit et l’ensemble nous semble alors tourner à la posture.
Ainsi, l’apparence bancale du jeu du Japonais lasse bien vite (que ce soient le melodica mi-souffreteux, mi-hésitant ou les coups de cymbale qui tombent n’importe quand), les instruments qu’il utilise sont évidemment chétifs (la guitare est toute discrète, le clavier est un piano-jouet, la rythmique est faite de tapotements, les textures et éléments synthétiques sont tremblotants), les mélodies sont naturellement d’inspiration enfantine (Listen to Grandpa’s Youth paraît reprendre le thème d’Au clair de la Lune) et même les intitulés des morceaux manifestent une certaine mièvrerie (Kid Play, Mom Nap, Listen to Grandpa’s Youth). En définitive, le bricolage et l’artisanat de Yuichiro Fujimoto finissent par nous épuiser tellement ils nous paraissent fabriqués (au mauvais sens du terme) là où ils devraient, au contraire, faire jaillir, de leur simplicité, des émotions “naturelles”.
le 28/04/2005