(Audio Dregs / Import)
28/03/2005
Rock
Ambient / Audio Dregs / Pop / Post-Rock / Semuin
Après l’album peu convaincant de Yuichiro Fujimoto, voici l’autre sortie de ce début de printemps d’Audio Dregs. Province est le premier album de l’Allemand Semuin qui ne nous est pourtant pas complètement inconnu car il a participé à Sesamsamen, l’album de F.S. Blumm où cet autre Allemand conviait plusieurs amis pour retravailler certains de ses morceaux ; Blumm rend d’ailleurs la pareille à Semuin en signant la pochette de Province (sur lequel on trouve aussi Greg Davis au mastering).
De toute façon, à l’écoute de l’album, cette fraternité apparaît assez rapidement comme difficilement dissimulable : même sensibilité exacerbée, atmosphère voisine (mélange de simplicité apparente et de fourmillement musical) et instrumentation proche (accords pincés ou arpèges de guitare acoustique, cuivres discrets, rares éléments électroniques, Glockenspiel, flûte, violoncelle, accordéon, instruments comparables à des jouets). Pour autant, alors qu’il serait aisé de taxer Jochen Briesen de simple copiste, celui-ci parvient à émouvoir en se situant en permanence sur la ligne de crête entre mièvrerie et délicatesse : ainsi, par exemple, Nuigini met tout d’abord en avant une flûte qui, au moment où on commence à se dire qu’elle devient niaise et lassante, s’atténue pour faire l’objet d’une filtration électronique (mélange avec des micro-larsens, adjonction de samples vocaux apparemment extraits d’une méthode Assimil).
Mais là où le berlinois se fait le plus probant, c’est sur la durée et notamment sur les près de huit minutes de Lok : début plutôt discret avant l’arrivée progressive de différentes couches musicales (nappes, cuivres semblables à un sonar, rythmique grésillante, ondes radio brouillées) et un final où est intégrée une partie de la symphonie pour vents d’Igor Stravinsky. Dans le reste de l’album, ce sont plutôt des pièces courtes qui ont les faveurs de Semuin mais qu’importe, sa capacité à produire des morceaux aussi agréables que touffus (la rencontre entre l’acoustique de la guitare et l’électronique des rythmiques de Sing est, à ce titre, particulièrement significative, tout comme celle entre le vibraphone et les mélodies triturées de Gobi) n’en pâtit pas.
le 11/05/2005