(Disques Ragondins Mondains)
00/12/2004
Electronique
Les Ragondins Mondains, voilà un nom de label pas comme les autres et qui montre bien l’esprit décalé de cette petite structure parisienne. Ce n’est pas un hasard si on y retrouve régulièrement Giscard le Survivant et son électro-bricolo-barrée qui partage ici son temps avec Finalcut que l’on a déjà croisé à plusieurs reprise, et notamment chez 3Patttes Records.
La pochette, sous forme de collage maladroit et kitsch, Brooke Adams en couverture, Giscard sur la galette, tout ou presque sent les années 70 et le début des années 80 si l’on pousse jusqu’aux influences industrielles de ces deux artistes. Par contre ils ont un son très différent, électro déglinguée pour Giscard et dark-ambient-concrète pour Finalcut, trouvant au final un certain équilibre. Mais revenons-en à l’héroïne de cette fable sonore, Brooke Adams (Les Moissons du Ciel, Dead Zone), à qui est dédiée une nouvelle que l’on trouve à l’intérieur de la jaquette, nouvelle qui reprend dans l’ordre les titres des douze morceaux qui composent cet album. Si l’on a affaire à deux artistes très différents, on a au moins ici un moyen de les lier au sein d’un univers commun.
Pour le reste, pas de grosse surprise, et quelques belles choses. Finalcut et Giscard le Survivant alternent régulièrement, et c’est le Belge qui débute avec un drone ondulant et des bleeps de machines au second plan. Giscard le Survivant quant à lui produit une électro-ludique, bariolée, ponctuée de quelques traitements vocaux sur Grâce incroyable des podzosols ocriques. D’un côté une musique ambient construite a base de souffles, chuintements, craquements, sons concrets, crissements (Céleste), boucle saturée (Soigne ta droite) et même quelques mélodies flottantes à l’image du granuleux et très beau Rainet Slim Cortex. De l’autre, beaucoup de collages, des samples de discours politiques (on a quand même affaire à Giscard), des rythmiques efficaces (Seul au bistrot de l’Octroi avec Brooke Adams), un petit côté ludique ou bricolé et des tentatives mélodiques évidentes, voire faciles sur Un slow langoureux avec un porc-epic et ses arpèges de basses acides répétitives.
Les deux hommes ont gardé le meilleur pour la fin avec deux titres composés à quatre mains. On trouve alors l’équilibre que l’on évoquait plus haut, comme si Finalcut tentait de retenir les délires de Giscard tout en gardant ce qui fait sa spécificité ici : des rythmes et des mélodies alors que Finalcut reste souvent très abstrait. Tindermans in The Sky With Moules-Frites en est le parfait exemple, avec un son très 80s, ou tout est très maîtrisé et imparable.
Avant d’en arriver là il aura fallu écouter le reste d’un disque pas forcément facile d’accès, ou du moins réservé à un public particulièrement ouvert et réceptif. Au final l’exercice du split était ici une excellente initiative.
le 22/05/2005