(Planet Mu / La Baleine)
30/03/2005
Electronique

Si comme nous vous aviez un peu de mal avec les rythmiques extrêmes des premiers albums de Venetian Snares, ce n’est pas une raison pour laisser de côté cet artiste qui se renouvelle sans cesse et qui depuis quelques temps a trouvé l’équilibre parfait entre son breakcore et une certaine finesse mélodique. Après l’excellent Huge Chrome Cylinder Box Unfolding paru l’an passé, le revoici déjà avec un nouvel album surprenant.
De retour d’un voyage en Hongrie, on imagine Aaron Funk écoutant des musiques traditionnelles des pays de l’Est pendant que dans sa tête, des rythmiques syncopées continuent de le hanter. Il fait alors se fusionner les deux sur cet album de breakcore de chambre, d’electronica orchestrale, tour à tour contemporaine et traditionnelle. S’il n’est pas le premier à produire ce genre de mélange, cet album est autrement plus jusqu’au boutiste que le 23 Things Fall Apart de Digitonal par exemple. Venetian Snares n’a jamais été dans la demie mesure, et il pousse ici son idée dans ses plus extrêmes retranchements : l’ouverture de l’album n’est qu’un solo de piano contemporain, tandis que le final de Galamb Kettö n’est qu’un hardcore binaire et brut.
Entre les deux, on navigue de l’excellent au sublime, de surprises en surprises. Des envolées de cordes un peu folles, brusquement interrompues par quelques pincements, et une rythmique jungle donnent le ton de l’album sur un Szerensétlen parfaitement mené, ponctué de quelques break expérimentaux et arythmiques. Le Canadien calme même le tempo sur Öngyilkos Vasarnap où une voix un peu plaintive qui n’est pas sans rappeler Beth Gibbons donne une petite ambiance de cabaret rétro. De même, l’auditeur pourra reprendre son souffle entre deux embardées rythmiques puisque l’album propose régulièrement quelques interludes purement acoustiques, apaisés, avec violon, piano ou glockenspiel.
On continue alors doucement notre chemin escarpé, on est étonné d’y croiser Astor Piazolla qui se serait mis au violon sur l’intro de Hajnal, petites notes rythmiques débordant d’énergie, et plus loin c’est Aaron Funk en personne qui joue de la trompette sur une rythmique franchement jazzy. Des sommets sont atteints avec Szamar Madar, ses sublimes cordes quelques part entre moyen-orient et traditions tziganes, on imagine alors Venetian Snares faisant danser des jeunes punks sur des valses viennoises dans un club underground.
La fin est un peu plus dérangée, alternant breakcore et lamentations de cordes avec une jeune femme nous parlant du bonheur sur des chants d’oiseaux, et lente mélodie mélancolique à base de cordes pincées sur Senki Irodalmi Dolgozat.
On tient peut-être bien ici le meilleur album de Venetian Snares, et comme l’an dernier, déjà un des meilleurs albums de l’année, mais une chose est sûre, Aaron Funk est en train de nous faire oublier Aphex Twin et Squarepusher.
le 11/06/2005