(Optical Sound)
00/03/2005
Electronique
Ambient / Eddie Ladoire / Heller / Optical Sound / Sébastien Roux
Fruit du duo Sébastien Roux / Eddie Ladoire, ce Heller est le numéro 2 d’une collaboration amorcée sur l’excellent label N-Rec. Sébastien Roux, assistant musical, notamment de Georges Aperghis, et chargé de développement à l’IRCAM, nous est familier puisqu’il a collaboré entre autres avec la formation post-rock Un Automne à Lob-Nor, Greg Davis, Sogar pour ses installations sonores Wallpapers, Domotic, se renouvelle sous le pseudo Rabbits / Sorrow, et a édité ses travaux sur une belle collection de labels exigeants tels que les new-yorkais 12k ou Apestaartje, ou encore les français Aspic et Le cri de la harpe. Eddie Ladoire est lui aussi passé par le post-rock via son groupe Unsich avant de plonger dans la musique électronique. A travers Heller, ils ont empreint de leurs sonorités lunaires quelques films de Grégory Chatonsky (http://www.incident.net).
David Toop introduit son ouvrage consacré à la musique ambient, Ocean of Sound, en affirmant que l’écoute originaire, les premiers sons perçus sont ceux de l’enfant dans le ventre de sa mère. On retrouve ici, dans la lignée de Biosphère ou Hazard, une écoute amniotique et scaphandrée à la croisée des éléments naturels, flux, reflux, souffle, parfois altérée par des envolées véritablement cosmiques. Heller est un très bel opus, qui jongle avec des compositions mélodiques, bercées ou rompues par de légers craquements. Les nappes planantes prennent du relief par quelques éraflures tout en grésillements et en glitchs, et l’on se figure, avant même de jeter un œil sur les belles photos de Clémentine Roy l’univers mis en scène par Heller. Larges paysages bleus-verts embrumés au sein desquels trône un perpétuel horizon, entre l’aurore et l’aube, en bord de mer ou en bord de ciel, insituables et éternels. S’il y a sans conteste dans la composition électro-acoustique un rapport à la nature et à la transe, Heller est un coup d’éclat dans cette catégorie et emmène, main dans la main, vers cet état où il n’y a pas de recul sur le monde mais une unité, un tout indissociable. Avec une sérénité convaincue, à la manière du photographe Yoshiko Isshiki qui s’est longtemps acharné à prendre la même image à travers le globe d’horizon flouté entre ciel et mer. La dernière proposition de l’album est un doux réveil après une sieste estivale, aux sonorités play-doh et tournoyantes. Bulle captivante et apaisante, il ne s’agit pas de s’extraire du monde, mais de s’y fondre dans la contemplation.
le 01/07/2005