V/A

Hipothetik Disaster

(Hip Notik Records / La Belle Dame Sans Merci)

 date de sortie

09/05/2005

 genre

Electronique

 style

Electronica / Hip-Hop

 appréciation

 écouter

18 MP3 (dont 2 complets)

 tags

[guÿôm] / Atone / Debmaster / Electronica / Ghislain Poirier / Hip Notik Records / Hip-Hop / Lady Atone / Raoul Sinier (Ra)

 liens

Ghislain Poirier
Raoul Sinier (Ra)
Lady Atone
[guÿôm]
Debmaster
Hip Notik Records

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Encore un nouveau label qui annonce tout de suite la couleur avec cette première référence : une compilation qui comprend pas moins de 18 artistes, la plupart inconnus jusque là, tous plus ou moins marqués par le hip-hop, que ce soit une simple influence ou un réel investissement dans cette scène. Si on s’y attendait avec le nom du label (Hip Notik Records) et le titre de la compilation (Hipothetik Disaster), nous n’étions plus très sûr en étudiant le tracklisting, y trouvant Ra, Ghislain Poirier, mais encore Lady Atone et [guÿôm], tous deux croisé du côté de chez Skam.

On ne sait pas trop par quel bout la prendre cette compilation. En fait elle est très homogène, tous les artistes ayant un son assez proche, des rythmiques plutôt en avant (propre au hip-hop), des breakbeats et autres effets de syncope typiques de l’electronica, des nappes nasillardes, des basses saturées, bref un son très dense et un peu crade, parfois parsemé de scratchs (avec modération), tandis que l’utilisation des voix (qui n’est pas systématique) ne laisse aucun doute quand aux influences des artistes en question.
Commençons donc par ceux que l’on connaît déjà un peu : Ra débute en finesse avec des samples de cordes avant que les machines ne prennent le dessus. Un peu plus loin, Lady Atone, un autre projet d’Atone (Autres Directions in Music) se démarque par sa légèreté (assez rare sur ce disque) avec un son plus clair, plus electronica aux sonorités un peu rétro, avec une voix parlant d’acquis sociaux. Tout comme le label, [guÿôm] est basé à Angers et a déjà produit quelques morceaux pour Ego Twister (on en reparlera prochainement) et Skam (la compilation Skam Cats). Il possède un son très sûr, très franc, plein de syncopes, cassures, changements de rythmes et saturations en tout genre, bref, un Poripoux très rentre-dedans. Ghislain Poirier enfin, que l’on ne s’attendait pas à trouver ici, est un peu moins dérangé que ses voisins : son Close The News est plutôt efficace, les mélodies sont assez évidentes, et le traitement sonore justement dosé apporte une pointe d’originalité, sans basculer dans le purement expérimental.

Le reste est assez partagé, entre petits génies et débutants en manque d’inspiration. The Windbrothers par exemple découpent leur morceaux en deux parties complètement différentes et semblent à court d’idées. Debmaster s’avère très vite assez prenant mais tourne un peu en rond sur la longueur, Syrupy peine un peu à se démarquer des clichés hip-hop, tandis que Tanuki nous surprend avec son glockenspiel et mélodica mais ne trouve pas sa place sur ce disque : trop sage peut-être. Trop répétitif également, R.E.D.A., qui pourtant apporte un peu d’air frais avec ses scratchs sortis de la 4ème dimension et ses bruits de jouets.
Plus intéressant, même s’il manque la petite pointe de magie pour adhérer complètement, on trouvera Murkbox qui joue des atmosphères dérangées, malsaines, et son Nine Dooms of Hecate démarre de façon assez expérimentale avant de construire un bel échafaudage rythmique/basse à la fois minimal et syncopé. Un peu plus loin Orange Dust nous fait penser à V.L.A.D. : mélodies sinueuses et nasillardes en roue libre, effets de syncope de rigueur, avant d’utiliser des voix inattendues, joliment intégrées. Prester qui clôture l’album se démarque également par son style, avec une lente guitare basse, des machines discrètes, rythmiques sobres, tout le jeu consistant à créer une tension via des montées de nappes et un gros travail sur des voix qui s’accélèrent.

Parmi les plus convaincants, et dans l’ordre, on remarquera tout d’abord Vernon LeNoir et son Tandoori Fist, une sorte de medley parfaitement maîtrisé, plein de cassures, sonorités d’origines variées, où seule la rythmique semble servir de liant. Si les mélodies sont ici assez rares, le Canadien Kuma vs Yoo-Klid nous en produit une bien belle ici en détournant un ensemble de cordes : effet de hachage et mises en boucle à la pelle, recette également joliment appliquée par Co qui semble retravailler quant à lui une pièce d’accordéon. Le morceau de Horten V3 débute quant à lui par une sorte de trip-hop instrumental, plutôt soigné d’ailleurs, avant de décoller vers un abstract hip-hop mélancolique du plus bel effet.
Autre grosse surprise et peut-être même le plus beau morceau de la compilation pour Thavius Beck. Formule originale d’abord, voix d’outre tombe, mélodie au second plan mais toujours là pour happer l’auditeur, et vocaux typiquement hip-hop pour un titre qui devrait ravir les fans des productions Anticon. Pour finir, on parlera de Yarr, plus proche de l’electronica que du hip-hop, un son plus clair, un tintement de cloche répétitif puis décliné en mélodies, sur des basses essorées.

Vous l’aurez compris, cette compilation est riche, peut-être même un peu trop, avec plus de 65mn particulièrement denses. Le nombre de découvertes à faire ici vaut à lui seul l’achat de cette première référence qui ravira les amateurs de croisements electronica/hip-hop.

Fabrice ALLARD
le 19/07/2005

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