Martin Wheeler

U Idea

(Shellac / La Baleine)

 date de sortie

08/06/2005

 genre

Electronique

 style

Ambient

 appréciation

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4 MP3 (complets)

 tags

Ambient / Martin Wheeler / Shellac

 liens

Shellac

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On n’avait jamais entendu parler de Martin Wheeler avant cet album, et pourtant on avait déjà entendu sa musique. Comment cela se fait-il ?
Ce disque trouve son origine dans un film, Adieu, réalisé par Arnaud des Pallières, et ce n’était pas un coup d’essai puisque Martin Wheeler a déjà travaillé sur Peau d’homme, coeur de bête (Hélène Angel), Haut les coeurs (Solveig Anspach), Une femme d’extérieur (Christophe Leblanc) , ou plus récemment sur Les Revenants (Robin Campillo) dont la bande son nous avait effectivement interpellé.
U Idea, anagramme de Adieu, n’est pas la bande originale du film, mais comme le suggère le jeu de mot, une relecture de celle-ci. Un travail qui sort des sentiers battus et dont le résultat dépasse toutes nos espérances.

Ayant raté ce film, on ne pourra malheureusement pas comparer cette relecture à sa version originale, ou au film, et dire si oui ou non celle-ci garde l’esprit du long-métrage. Mais une chose est sûre, U Idea évoque des choses, crée des ambiances, et donne quelques pièces d’un puzzle, d’une histoire à reconstituer. Le disque peut surprendre, donne parfois l’impression de partir dans tous les sens, mais une fois la petite heure écoulée, on a simplement l’impression d’avoir fait un magnifique voyage sur des terres mouvementées, d’avoir rencontré quelques personnages au gré de nos pérégrinations, d’avoir participé à cette histoire, ne serait-ce qu’en temps que figurant.
Des nappes électroniques, quelques grincements de guitare, quelqu’un qui tape dans un micro et se lance dans un discours religieux apparemment extrait du film. Complètement inattendu, on enchaîne avec un dub électronique digne de Pole, minimal et ambient, intégrant petit à petit de micro-éléments rythmiques. On rencontre ensuite Laurent Lucas, nous racontant une histoire de pastèque sur des nappes ambient glacées, des boucles oscillantes de cordes qui s’éclaircissent et évoluent vers un style presque néo-classique sur Av, puis on sombre dans un dédale dark-ambient sur Blx avant de retrouver une lumière frétillante, à l’image du soleil se reflétant sur la mer.

L’album est à dominante ambient, et à tendance mystico-poétique. Les nappes nous font penser à de légers souffles de vent polaire (on pense régulièrement à Biosphere), et les propos des différents personnages sont autant de réflexions sur la condition de l’Homme, son évolution, son rapport au monde, aux autres, ou à Dieu, les chants sont même religieux, et touchent au sublime sur Altered Boys. Etait-il possible de mettre plus de poésie qu’il n’y en a dans Pingouin, sur lequel un homme raconte sa solitude, allongé à côté de sa femme qui dort alors qu’elle vient de le tromper.
Si le résultat sonne particulièrement ambient et électronique, n’oublions pas pour autant que de nombreux morceaux sont construits à partir de guitares, généralement discrètes, mais aussi fracturées sur 3C Shuffle, ou plus classiques sur Adieu, d’abord doucement égrenées et de plus en plus saturées pour finir par former une belle et dense texture bruitiste.

Le pari est réussi haut la main. On se retrouve là avec un disque envoûtant et poétique, un remix d’une bande originale qui nous fait regretter de ne pas avoir vu ce film, mais nous donne surtout envie de le voir !!!

Fabrice ALLARD
le 03/08/2005