(U-Cover CD-R Limited / Import)
23/05/2005
Electronique
Ambient / Future Jazz / Gizmo Cosmos / Joel Tammik / Ontayso / Starfish Pool / U-Cover CD-R Limited
Non contente de tenir trois labels (U-Cover, Inc. US - la structure chargée de sortir les disques U-Cover en LP - et U-Cover40) et l’un des meilleurs mailorders qui existe, la petite équipe flamande formée autour d’Esther Santoyo et Koen Lybaert a lancé, depuis janvier 2004, une nouvelle sous-division de sa structure principale : U-Cover CD-R Limited. À la diffusion encore plus confidentielle que celle des autres labels auxquels elle est affiliée (pas plus de 200 exemplaires par sortie), cette succursale se veut, par conséquent, plus expérimentale et proposant des sorties plus rapprochées. Pour notre part, il a fallu attendre la dixième parution pour que nous nous penchions enfin sur U-Cover CD-R Limited avec un album où se rencontrent trois univers : l’electronica-ambient d’Ontayso, le jazz de Gizmo Cosmos (quartet anversois) et l’electronica-dub de Joel Tammik (musicien estonien, moitié de Myrakaru, duo croisé sur Expanding).
Alors qu’on pouvait légitimement craindre qu’une forme de bouillie saumâtre ne surgisse de cette étonnante rencontre, c’est, au contraire, une musique inspirée qui nous est offerte où chaque élément intervient sans chercher à faire de l’ombre à l’autre, plutôt désireux, par sa présence, de souligner tel ou tel aspect des autres genres musicaux convoqués. Ainsi, pendant qu’Ontayso installe des textures aux contours angoissants (nappes en flux et reflux, bribes de paroles), Joel Tammik y ajoute des pulsations réverbérées et Gizmo Cosmos des envolées improvisées de cuivres et de batterie. Fortement évocatrice, cette rencontre permet, par exemple, aux craquements de l’Estonien et aux légers roulements de caisse claire des jazzmen, posés sur des structures sonores ronronnantes, de suggérer un début de tonnerre (Cool Cats Jazz). De même, dans le morceau-titre, la consonance métallique des sonorités utilisées par Tammik se mêle aux plages obscures d’Ontayso et aux coups répétés sur la cymbale de Gizmo Cosmos pour représenter une usine tournant au ralenti.
Mais Theme From Planet Space ne se contente pas de faire œuvre suggestive, la musique produite par les neuf musiciens pouvant également se faire simplement contemplatrice, loin de toute velléité inspiratrice. À ce titre, Landing Reverb conquit par le délié de ses cuivres, la grâce de sa batterie frappée aux balais et la densité de ses textures d’arrière-plan. En revanche, le dernier morceau (St. Tropez Slowed), s’il surprend dans un premier temps, quand apparaissent de retentissants cuivres, n’intéresse guère ensuite, voyant les instruments à vent se complaire dans des phrases mélodiques propres à illustrer le tout-venant des polars télévisés et ne laisser que peu de place aux univers des autres musiciens, à la différence du reste d’un album intéressant sinon marquant.
le 12/08/2005