Ölvis

S’il continue ainsi, le label anglais va devenir le label spécialisé en artistes islandais. En effet, tout comme Stafraenn Hakon ou Sk/um, Orlygur Thor Orlygsson est islandais, ce que l’on n’aurait pas deviné à l’écoute de The Blue Sound, son deuxième album. Un jeune étudiant en philosophie qui s’annonce productif puisque ce deuxième opus nous arrive tout juste un an après un premier album éponyme.

On était passé à côté de ce premier essai l’an dernier, et l’on découvre donc la musique d’Olvis qui est maintenant passé au chant sur la moitié des morceaux de l’album. Sa musique est à l’image de la pochette du disque : de multiples influences rassemblées dans un patchwork pop, rétro, psychédélique et chaleureux. Si le cliché facile consistant à comparer la musique d’artistes islandais avec ce pays de feu et de glace est généralement de mise, Ölvis s’en échappe aisément en faisant tout simplement fondre la glace. L’origine de sa musique, on ira plutôt la chercher dans la situation géographique de l’Islande, à mi-chemin entre les Etats-Unis et l’Europe, et donc influencée par les deux cultures.
La surprise est réellement de mise à l’écoute de Acid Trip Festival qui ouvre le disque à coup de guitares lumineuses, flûte, pour une ambiance 70s plutôt cool, entre une pop rétro et le générique de La croisière s’amuse. Le saxophone vient même créer une atmosphère chaleureuse, on se croirait dans un cabaret jazz-lounge d’une autre époque. Il s’agit là de la couleur dominante de l’album, avec toutefois un style un peu plus affirmé par la suite, mais toujours très nonchalant, décontracté. La voix subit un traitement original qui la rend insaisissable, un peu flottante à l’image de la musique, bucolique et virevoltante, vous donnant l’impression d’être une abeille slalomant dans un champ de fleurs. Quelques pointes de glockenspiel font leur apparition sur Time Capsule, des embardées d’orgues sur Mental Freedom, et même un instrumental comme Pacific Island garde une structure couplet/refrain.

Passée la pop bucolique de Moving to Mars, on aborde la deuxième moitié de l’album avec en guise de transition un morceau à part sur ce disque. Warfare and Welfare est une magnifique pièce ambient à base d’orgues, choeurs fantomatiques, et vibrations de cymbales. On obtient alors un joli mélange post-rock/ambient fort intéressant et surprenant.
Dommage alors de revenir au style des premiers morceaux, même si Jupiter s’avère plus franchement post-rock, et que Sound Sleep révèle d’agréables influences scandinaves dans la mélodie de son accordéon. L’album se conclut par End of a Night, logique synthèse à l’album, une post-pop instrumentale, légère, avec quelques pointes d’électronique mais qui reste toujours nonchalant, en suspend.

The Blue Sound n’est pas un disque qui nous marquera outre mesure. Trop léger peut-être, il passe sans réellement marquer, mais du coup devrait séduire ceux qui recherche un peu de rêve coloré, un disque printanier.

Fabrice ALLARD
le 13/08/2005