(Monotreme Records / Chronowax)
18/06/2005
Rock
Picastro est une formation de Toronto qui sort ici sont deuxième album après Red Your Blues, paru sur le label américain Pehr, puis réédité par Monotreme l’an dernier. Monotreme prend donc le relais et nous propose ce deuxième album qui sort un peu des sentiers fréquentés par EtherREAL...
En effet, cet album n’a rien d’électronique, d’ambient, il ne s’agit même pas de post-rock même si le groupe à déjà partagé la scène avec Godspeed You ! Black Emperor. Non, Picastro lorgne plutôt du côté de la pop, mais cette pop sensible et sensuelle, qui vous prend aux tripes, vous donne des frissons et ne vous laisse pas indemne une fois la platine arrêtée. Picastro doit tout à sa chanteuse-leader multi-instrumentiste et à sa voix troublante qu’elle utilise à merveille. On la sent empreinte de mélancolie, de peine, de douleur, d’une rage contenue quand elle est à la fois écorchée, plaintive et proche du murmure, comme un dernier soupir.
Pour les amateurs du genre, ce disque trouvera sa place quelque part entre ceux de PJ Harvey, Catpower, les Tindersticks ou les Dirty Three. On retrouve le violon mélodique mais un peu fou de ces derniers, et un mélange d’une certaine dureté et un aspect désenchanté dans la voix qui n’est pas sans nous rappeler ces femmes écorchées vives.
Liz Hysen qui mène le groupe assure à elle seule les parties de guitare et violon en plus du chant. Par ailleurs elle ajoute quelques pointes de glockenspiel afin d’apporter quelques éclats de lumière à une musique bien brumeuse, et un piano qui semble désaccordé et hésitant remplace parfois la guitare (Common Cold), accompagné d’un violon grinçant sur Ah Nyeh Nyeh. Du point de vue mélodique, on retiendra en particulier Sharks, son intro classique, très carrée, son violon débridé, puis son chant magnifique sur un final plus enlevé, avec une voix plus en avant.
Un peu plus loin, c’est la mélodie de violon qui attire notre attention sur I Can’t Fall Asleep, puis la guitare répétitive de Teeth and No Eyes sur une voix grave et douce, ponctuée de quelques cascades de batterie. On notera enfin la participation de Dwayne Sodahberk sur Skinnies qu’il a retravaillé, ajoutant quelques discrets gribouillis électroniques qui s’affirment parfois en de grosses textures saturées et grésillements.
Un bel album, mais on ne va pas en rajouter des tonnes, les amateurs du genre sont certainement déjà convaincus !!
le 14/08/2005