Joel Tammik

Après plusieurs CD-R sur la sous-structure dédiée U-Cover CD-R Limited, c’est logiquement sur la « maison mère » que l’Estonien Joel Tammik, moitié de Myrakaru, sort son premier long-format paraissant en véritable CD.

Aspirant à une puissante dimension évocatrice, la musique de Joel Tammik est faite de textures plus ou moins tourmentées, ondoyant au gré de ses inspirations, accueillant des pulsations réverbérées plus ou moins présentes, voire des bribes de mélodies. Pourtant, force est de reconnaître qu’au bout de deux ou trois morceaux, une fois que l’on s’est attardé sur la consonance aquatique conférée à la nappe de Sume ou sur les craquellements et grésillements de Nii, Eluline tourne en rond.
En effet, là où de nombreux autres artistes oeuvrant dans le même genre parviennent à sans cesse intéresser l’auditeur par l’adjonction de nouveaux éléments (instruments, effets, voix), le musicien estonien demeure figé sur ses sonorités premières, déroulant l’heure de son album sur le même schéma. Tout juste se contente-t-il d’insister sur la rythmique à un endroit, de légèrement densifier ses textures à un autre ou d’incorporer, en arrière-plan, de lointains cris d’effroi, mais rien de suffisamment marquant pour affirmer qu’il y ait un indéniable renouvellement d’un titre à l’autre.

Peut-être ne nous sommes-nous pas véritablement imprégné de ce disque mais il n’empêche qu’une incontestable déception nous saisit donc à la sortie d’Eluline car, même si l’on sait que le genre est ardu et propre à générer des disques pêchant par trop d’homogénéité, on avait espéré que Joel Tammik éviterait de tomber dans ce piège.

François Bousquet
le 21/08/2005