(Kohvirecords / Meridians)
18/07/2005
Electronique
Galaktlan, tout comme le label qui sort cet album, est estonien. Il s’agit là de son deuxième album sur ce label, mais on le découvre réellement à cette occasion après sa participation à la compilation The Noise & The City du label Autres Directions In Music. Constance, c’est en référence à Constance Bonacieux, personnage créé par Alexandre Dumas, et que l’on retrouve dans le film russe D’Artagnan et le trois mousquetaires qui a marqué Taavi Laatsit dans son enfance. C’est un peu l’héroïne de cet album, avec qui nous sommes convié à vivre quelques rêveries tantôt aérienne, tantôt féeriques.
Pour appréhender cet album, il faut accepter de laisser tomber un peu sa rigueur de chroniqueur de musiques expérimentales, et accepter de se laisser porter par ces mélopées soyeuses, ces vieux synthés aux sonorités rondouillettes, mais aussi écouter avec attention lorsque l’on est tenté de trouver une mélodie un peu facile parce qu’en fait Constance c’est presque toujours un peu plus que ce qui retient l’attention.
Il y a quelque chose d’étrange, d’insaisissable dans Axister, un décalage entre une certaine sérénité, un aspect contemplatif, et cette impression de vitesse produite par la rythmique, un peu comme si vous flottiez dans l’air en regardant la fourmilière humaine s’exciter au sol. C’est joli, aérien, et ce type de composition évite souvent de sombrer dans le mièvre, ce qui était justement le piège de ce type de concept album. Ainsi Turbulents superpose joliment une basse minimal-techno avec des nappes glacée façon Biosphere, et Crystal laisse apparaître une rythmique frétillante sur des nappes imitant des cuivres. On pourra d’ailleurs trouver ici ou là une certaine naïveté dans les mélodies, dans ces sonorités un peu franches de vieux claviers, mais elles apportent aussi ce petit côté rétro chargé de vous faire remonter quelques années en arrière.
On n’est jamais très loin des années 70. Des titres comme Kindralmidi, relevé par une belle rythmique de batterie ou Foor, recèlent un charme rétro avec leurs mélodies rappelant un theremin, ou par l’utilisation des sons chaleureux de vieux synthé analogiques. Malheureusement, par deux fois le tempo se calme et l’inspiration semble être en berne (Mode, Please Me, reprise d’un morceau de Forgotten Sunrise, groupe goth-indus estonien). Si l’on n’atteint toutefois pas les gouffres creusés par Air et M83, on s’ennuie quand même fermement à l’écoute de Mode et de ses claviers vaporeux et répétitifs.
Deux titres d’autant plus étonnant que Galaktlan est capable de nous éblouir avec un véritable travail sur le son avec Laanetaguse, de l’electronica aux sonorités 80s avec guitare mélodique et vocoder discret. Pour revenir et finir en beauté sur nos souvenirs, l’album s’achève par Zolushka qui aligne sonorité de boite à musique, mélodie d’orgue et autres claviers 70s avant d’intégrer un chant aérien, étrangement traité, féerique.
Quelque part entre un Tim Burton et l’improbable bande son de L’histoire sans fin, Constance est un bel album d’electronica pour tous ceux qui ont gardé leur âme d’enfant.
le 21/08/2005