Tarentel

Confirmant définitivement la direction choisie par Tarentel avec son dernier long-format en date (We Move Through Weather), Ghost Weight, publié sur Acuarela un mois après les deux EP sortis sur Temporary Residence, s’inscrit dans cette ambient torturée maintenant prisée par le groupe.

Une texture habitée faite de craquèlements, bourdonnements, notes et accords épars de guitares et coups espacés de batterie est ainsi mise en place par la formation étatsunienne. Développant un caractère largement organique et évoluant très lentement, celle-ci accueille divers samples aux consonances urbaines (bruits de pas, passage d’un métro) pour un résultat à la fois particulièrement évocateur et étrangement angoissant (le penchant de Tarentel pour les ambiances fantomatiques est, du reste, clairement annoncé dès le titre du maxi, qui renvoie à Ghosty Head, nom d’un morceau du deuxième album).
Par conséquent, l’ambient ainsi livrée se révèle aussi captivante que menaçante, reposant tout autant sur la densité des textures que sur les traits de guitares qui, à la différence de ce que l’on rencontre traditionnellement, ne viennent pas lumineusement éclairer la nappe mais, au contraire, la rendent encore plus sombre. De la même manière, l’intervention, aux deux-tiers d’Every Possibility the Next Thing to a Certainty, de la batterie de Jim Redd se fait amplement alarmante, le musicien jouant uniquement sur les toms et la grosse caisse, laissant de côté les cymbales qui pourraient apporter une certaine clarté à l’ensemble. Enfin, le disque se clôt par des glitchs tourmentés et des sonorités aiguës flirtant avec le larsen empêchant que cette sensation d’inquiétude ne nous quitte.

D’un aspect peu abordable (quatre pistes au découpage étrange - deux morceaux de plus de onze minutes et deux autres de moins de quatre - issues d’une seule session, absence de véritable mélodie), Ghost Weight, à l’image des deux maxis sortis presqu’en même temps, est probablement un disque à réserver aux amateurs du groupe mais qui témoigne néanmoins de la qualité de la formation californienne, désireuse de ne pas rester musicalement en place.

François Bousquet
le 20/09/2005