Lackluster

Pour son nouvel album, le prolifique Esa Juhani Ruoho retrouve son pseudonyme de prédilection, Lackluster, et U-Cover, label qui l’avait déjà accueilli pour un album sous son nom propre.

Comme il en a pris l’habitude avec cet alias, le Finlandais nous propose une electronica mélodique où les sonorités utilisées sont majoritairement métalliques et les textures réduites à leur plus simple appareil. Là où ces éléments pourraient entraîner la musique de Lackluster vers une forme de glacis désincarné, à la froideur clinique, celle-ci dégage au contraire, et c’est particulièrement remarquable, une forme de chaleur continue. La présence de cette dernière s’explique probablement par le chromatisme soigné des mélodies développées et le travail spécifique effectué sur le choix des différentes tessitures harmoniques utilisées. Pour autant, une fois que l’on a salué cet effort, force est de reconnaître que, dans le premier tiers de Slice, l’artiste peine à se renouveler d’un titre à l’autre.
Dès lors, quand arrive un morceau où l’ambiance générale se veut éthérée et dans lequel la rythmique est limitée à une simple pulsation éphémère et diaphane, il s’avère le bienvenu (Clover). De la même manière, Touches, sa mélodie aérienne et sa légère rythmique tranchent heureusement avec les cinq premiers titres. Par la suite, alterneront morceaux au beat plus soutenu (le primesautier Zithertrak2), titres plus apaisés (le laid-back Hugytrack) et morceaux installant des atmosphères inquiétantes (Bkt Reprise ou Subvert et ses inflexions hip-hop). Plus encore, dans Iniquity, Lackluster débute avec une sympathique mélodie enjouée avant de finir dans des climats plus sombres. En outre, quel que soit le “style” choisi, jamais la volonté évoquée d’insuffler une chaleur certaine à sa musique ne disparaît.

Étape intéressante de sa discographie, Slice semble, en vérité, constituer une bonne porte d’entrée pour qui voudrait se familiariser avec le musicien finlandais.

François Bousquet
le 29/09/2005