Christopher Bissonnette

Troisième sortie Kranky de l’automne et troisième premier disque avec cette fois-ci, l’œuvre de Christopher Bissonnette, musicien canadien préalablement actif dans plusieurs disciplines artistiques.

Piochant à la fois dans l’ambient (structure générale, mélange des instruments et des éléments synthétiques, oscillation des nappes) et le néo-classique (piano parfois en avant, caractère minimaliste des arrangements), Periphery nous propose, en sept titres et une petite heure totale, une musique idéalement conçue pour l’abandon. Ne heurtant en effet jamais l’auditeur, la production de Bissonnette procède tout d’abord par montées et crescendi de telle sorte qu’on est systématiquement préparé à tout changement, voire à toute nouvelle intervention. Si la musique y perd assurément en spontanéité et en capacité à surprendre celui qui l’écoute (un léger sentiment de frustration point même), elle permet néanmoins de témoigner d’une qualité d’écriture certaine, nous entraînant bien vite dans ses méandres et circonvolutions. En réalité, il semble que l’on vient de stigmatiser l’impression générale qui se dégage des deux premiers tiers de Periphery : certes pas désagréable, ces quatre titres contiennent de nombreuses qualités mais qui constituent en même temps leurs défauts.
En revanche, quand on parvient aux trois derniers morceaux, le musicien de l’Ontario intègre de nombreux éléments électroniques : tapotements, mini-grésillements, filtres. Dès lors, alors qu’on semblait se diriger vers un album pêchant par une trop grande homogénéité, on est agréablement surpris de cette forme de retournement de situation, Bissonnette conservant les atouts dégagés dans les quatre premiers titres mais en parvenant à s’extirper du cadre un peu trop enserré auquel il s’astreignait, traitant les textures, triturant les nappes et jouant davantage avec les sons.

Finalement plus intéressant que ce qu’il laissait présager, Periphery, s’il n’atteint certes pas le niveau des meilleurs disques du genre s’avère en définitive un album relativement surprenant et trouvant pleinement sa place sur Kranky.

François Bousquet
le 14/10/2005